Fly Pan Am : Nouvelle escale

Si à l’écoute de la nouvelle création de Fly Pan Am l’auditeur moyen peut encore avoir des doutes sur un supposé changement d’attitude qui aurait secoué le collectif montréalais ces derniers mois, le guitariste Roger Tellier-Craig ne se prive pas pour clamer que la philosophie animant ses acolytes ainsi que lui-même penche de plus en plus vers une orientation purement musicale. Par contre, les poulains de l’étiquette Constellation sont surtout reconnus pour leur engagement social et leurs prises de position éclairées, ce qui n’empêche tout de même pas Fly Pan Am de lâcher un peu la bride de ses auditeurs par rapport à une prise de conscience vis-à-vis de la musique d’aujourd’hui et de la surconsommation de masse de celle-ci.

Ce qui pousse maintenant Roger Tellier-Craig à préciser qu’il a mis de l’eau dans son vin vient tout d’abord de ce qui l’avait auparavant mené vers cette entreprise, soit la musique elle-même. "Il s’est passé beaucoup de choses entre les deux albums (Ceux qui inventent n’ont jamais vécu en 2002 et le plus récent N’écoutez pas)… À l’époque de Ceux qui inventent…, je trouvais que le groupe avait atteint un point de non-retour en matière de musique froide, distante et désagréable dans un certain sens, même si c’était l’intention primaire du groupe. Il faut dire qu’on était intéressés à signer des albums qui ne marcheraient pas vraiment du point de vue commercial, des trucs intentionnellement ratés, quoi! On se prenait beaucoup la tête, on se prenait trop au sérieux, je crois, et éventuellement, on s’est tous rendu compte qu’on avait fait le tour de ce concept."

Pour qui se souvient d’avoir assisté à un spectacle des Fly Pan Am, d’une ambiance et d’un respect quasi religieux dans l’attitude, mais plutôt chaotique du côté sonore, on ne peut se surprendre que le renouvellement de leur approche passe justement par l’aspect scénique. Les pièces musicales présentes sur N’écoutez pas traduisent une partie de cette direction, alors que l’album renferme une plus grande cohérence (dans l’optique du groupe) par rapport à ce à quoi on pouvait s’attendre, alors qu’il s’avère très touffu, oscillant entre charges soniques et ambiances sonores d’un monde moderne. Pour Roger Taillon-Craig, la santé de Fly Pan Am passe sans aucun doute par la scène, même si la part de création en studio garde toujours de son importance.

"C’est en voyant les Georges Leningrad en spectacle que j’ai constaté qu’il y avait une énergie très libératrice chez eux, ce qui correspondait parfaitement à ce que je voulais faire sur scène. C’était un peu aussi une réaction par rapport à notre propre attitude anti-spectaculaire en show – que l’on passait assis sur des chaises!… Nos différentes expériences entre-temps ont aussi fait que nous voulions essayer autre chose et nous avions envie de faire une musique plus humaine, qui reflétait notre amour pour elle, plutôt que d’en faire une qui est détestable!"

Le 12 septembre
Au Kashmir
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