Le Nombre : Ils étaient cinq
Le Nombre n’aurait pu choisir meilleur titre pour son album Scénario catastrophe. Depuis: un accident de vélo, un exil soudain… et surtout, un rock qui déménage dangereusement.
Tout se déroulait pourtant à merveille. Après un remarquable premier essai et des prestations scéniques tout aussi remarquées tant chez nos voisins du sud qu’en Europe, la formation montréalaise Le Nombre doublait cet été sa percutante discographie en moins de deux. "On est allés enregistrer à Toronto la dernière semaine de juin et la première de juillet, confie Gourmet Délice, bassiste originaire de Québec ayant préalablement sévi avec Caféïne et Les Secrétaires Volantes. Le mixage de l’album s’est terminé le 6 juillet et il a été "masterisé" le 8. Le 12, j’avais le produit fini dans les mains et le 3 août, il était en magasin! C’est un peu un miracle", lance-t-il, ajoutant avoir pleinement savouré l’expérience de travail en compagnie de Ian Blurton, réalisateur très prisé, anciennement guitariste de Bionic. "Ce qui est très plaisant avec lui, c’est qu’il ne te dit pas quoi faire; il prend ce que tu es puis il essaie de te faire sonner le mieux possible. Et le studio où on est allés, le Chemical Sound, est très bien équipé; ce n’est vraiment pas le genre d’endroit où tu paies pour la machine à café ou pour le salon d’attente! Il y a des super bons micros et Ian a un talent assez fou; il sait très bien s’en servir… Je pense aussi que tout le monde a bien apprécié le fait de ne pas être chez soi, de ne pas avoir à subir l’espèce de quotidien de la maison. On était à Toronto pendant deux semaines pour ne faire que du rock; on se levait le matin et on allait au studio jusqu’à très tard le soir. C’est tout ce qu’on faisait, tout le monde ensemble; alors on était bien concentrés. Je pense que c’est ce qui ressort du disque, qui est une sorte de coup de poing d’une demi-heure…"
S’il faut en croire la suite des événements, ce nouveau cataclysme sonore n’aura pas ébranlé que les critiques musicaux et les amateurs de bons disques rock. Le cosmos tout entier semble depuis en subir les soubresauts, à commencer par Gourmet lui-même, qui n’oubliera pas de sitôt cette maléfique nuit du 12 au 13 août dernier. "J’ai fait un bête accident de vélo; je roulais vite et je suis passé sur un trou plein d’eau que je n’avais pas vu, alors j’ai fait un beau grand vol plané et une très mauvaise chute sur l’épaule; je l’ai complètement détruite, alors je ne peux même pas jouer… J’en ai pour au moins trois, quatre mois à m’en remettre", relate-t-il, précisant que Rémi R. Finder, chanteur et guitariste du groupe Nitrosonique, agira à titre de remplaçant jusqu’à son plein rétablissement, complétant l’alignement aux côtés de Jean-Philippe "Dynamite" Roy (chant, guitare, textes; ex-Secrétaires Volantes), Nicolas "Nicotine" Bednarz (guitare; ex-Caféïne), Jean Danger (batterie) et Ludwig Wax (chant; ex-Demolition), qui en sera pour sa part à sa dernière prestation scénique avant un bail. "Le très bon titre d’album Scénario catastrophe s’est avéré assez prémonitoire finalement, non seulement pour moi; il y a aussi notre chanteur qui s’en va le 12 septembre en Afrique, pour une durée indéterminée", vraisemblablement afin d’assouvir une passion grandissante pour le cinéma documentaire. "Nous, notre plan, c’est de sortir le disque en Europe cet automne, d’aller y faire une tournée en début d’année prochaine et que lui nous rejoigne là-bas pour ça, explique Gourmet. On reviendra sans doute faire un tour au Québec et au Canada au cours de l’an prochain, mais on ne sait pas quand exactement. Alors c’est pour ça qu’on annonce bien à tout le monde qu’il s’agit vraiment des derniers concerts de 2004… Ça conclut un drôle d’été pour Le Nombre: venir présenter notre album Scénario catastrophe à Québec, un 11 septembre, pour notre dernier show de l’année…"
Le 11 septembre
À l’Arlequin
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