Sarah Harmer : La mélodie du bonheur
Pour le public ou les critiques, un écart de quatre ans entre deux albums, c’est très long. Pour Sarah Harmer, ça va plutôt de soi: "La tournée qui a suivi la parution de You Were Here, en 2000, a duré deux ans. Ensuite, j’ai commencé à réfléchir au prochain disque. Ça m’a pris 12 mois, quatre saisons, pour le faire sortir de ma tête. Le processus de création d’un disque n’est pas toujours aussi long. Par exemple, j’ai enregistré Songs For Clem en deux jours seulement! Par contre, en ce qui concerne All of Our Names, j’avais le sentiment de devoir prendre mon temps, car ces chansons-là, je les écrivais pour moi. J’y ai mis beaucoup de cœur et d’observations", affirme la chanteuse.
Au départ, All of Our Names devait être enregistré dans différents studios et chambres d’hôtel de la région de Toronto. Puis, au moment de faire les réservations, Sarah s’est mise à hésiter: "Je n’aime pas quand tout est trop bien planifié. Je préfère laisser de la place à l’improvisation, à la spontanéité. De plus, je venais de passer deux ans dans un véhicule de tournée. J’avais besoin de m’arrêter, de retrouver un rythme de vie normal. C’est après avoir enregistré Took It All avec Martin Kinack (son copain dans la vie) dans son appartement de Toronto que j’ai réalisé que c’était possible de transformer ma maison de Quaker Valley, près de Kingston, en studio", raconte Sarah. Son plus grand défi a été ensuite de ne pas perdre de vue son objectif: "Je suis facilement distraite. Chaque jour, je m’obligeais à mettre la console de son à "on". L’enregistrement de All of Our Names s’est donc fait petit à petit. Une partie de moi voudrait être plus disciplinée, mais en même temps, je suis très contente du résultat. Tous les artistes n’ont pas le luxe de prendre autant de temps pour se commettre dans un disque", estime la chanteuse.
All of Our Names est en définitive un album introspectif, qui transporte l’auditeur dans l’univers intime de l’artiste, qui le considère maintenant comme son disque le plus personnel. "J’ai dit que c’était mon album le moins personnel, mais le mot personnel a été mal interprété. Ce que je voulais dire, c’est que les textes ne portent pas sur mes relations avec d’autres personnes. Ça n’en demeure pas moins un disque intime, dans lequel je parle de choses qui me touchent infiniment. Je suis davantage consciente des conséquences qu’ont nos gestes sur l’environnement, sur notre entourage. Je me sens plus responsable de ce que je dis dans mes paroles. C’est pourquoi All of Our Names est une lettre d’amour adressée à tous. Le monde se trouve à une intersection et il a particulièrement besoin de paix et de respect. C’est ce que j’avais envie de transmettre par l’entremise de All of Our Names", soutient Sarah, qui lancera par ailleurs d’ici la fin de l’année Songs With Clem (à noter la distinction avec Songs For Clem, le premier album enregistré pour son père, Clement Harmer). Cette fois-ci, Songs With Clem sera composé de chansons country bluegrass écrites par Sarah et de morceaux sélectionnés par son père. "Mon père chantera aussi sur l’album. Il a une voix magnifique", assure Sarah.