The Fiery Furnaces : Opéra-rock… moderne
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The Fiery Furnaces : Opéra-rock… moderne

On ne compte plus depuis déjà longtemps les groupes rock garage qui percent le marché mondial. Repérer ceux qui se démarquent et qui survivront est devenu un défi bien plus captivant. Voici comment The Fiery Furnaces y sont arrivés.

Dès les premières mesures électroniques de Blueberry Boat, dernier album des New-Yorkais Fiery Furnaces, l’anomalie vous saute en plein visage. Considéré depuis sa naissance comme un autre de ces groupes rock garage à reléguer aux oubliettes d’ici trois ans, le duo ouvre son deuxième opus par des accords de piano martelés sur un rythme en boucle. Beaucoup plus Air que distorsion sale comme ambiance. Cette première pièce, Quay Cur, elle durera finalement 10 minutes 25. Un véritable périple où Matthew et sa sœur Eleanor Friedberger voyagent de l’électro au soul, en passant par le progressif et le fameux rock qui les avait propulsés sur la scène internationale.

"Notre premier disque (Gallowsbird’s Bark) nous avait coûté 3500 $ à produire, explique Matthew. Rough Trade, qui en avait racheté les bandes, nous offrait cette fois 14 000 $ pour l’enregistrement de Blueberry Boat. Nous avions alors la possibilité d’étoffer notre travail et de réaliser ce qui nous tenait le plus à cœur."

Ce désir: un opéra-rock délibérément inspiré par le travail des Who, qui adhérerait cependant aux courants musicaux de l’heure. "J’écoute de nombreux groupes alternatifs à la mode et je n’ai jamais trouvé un album qui osait ce que ces Anglais ont produit à la fin des années 60. Le timing était donc parfait, et nous disposions des fonds nécessaires pour y arriver."

Cela va sans dire, produire un album continu de plus de 76 minutes demande bien plus qu’un capital suffisant. Question d’assurer, vous devez faire preuve d’un talent de compositeur magistral à la hauteur de vos ambitions. Autrement, l’auditeur perd rapidement le fil. C’est exactement là que réside la puissance des Fiery Furnaces. Dans une pièce de 8 minutes, la rafraîchissante voix d’Eleanor (l’une des plus jolies entendues sur disque cette année) et celle, plus rythmée, de Matthew vous livrent de véritables bijoux mélodiques sur des ambiances en constante mutation. "Plusieurs compositeurs n’élaborent leurs chansons qu’à partir d’une mélodie. Tout l’accent est mis sur le refrain pour qu’il contamine la masse. Pour ma part, je préfère juxtaposer trois ou quatre passages accrocheurs qui reviendront moins souvent dans la même pièce, mais qui apporteront une certaine diversité."

Et la difficile transposition du compact sur scène, le combo y arrivera-t-il même avec deux musiciens de plus? "Non! En fait, notre but n’est pas de reproduire l’album lorsque nous montons sur les planches. Jouer avec les pièces nous intéresse davantage. C’est pourquoi notre spectacle se veut un medley d’une heure sans interruption. Nous y mélangeons les compositions de nos deux disques de façon déconstruite. Nous pouvons enchaîner le deuxième couplet d’une pièce avec la fin d’une autre pour ensuite poursuivre avec le début de la première. Les gens reconnaissent les passages, mais ne savent jamais à quoi s’attendre."

Vrai qu’avec The Fiery Furnaces, nous ne saurons jamais sur quel pied danser. À preuve, Blueberry Boat vient tout juste de voir le jour que déjà les Friedberger lanceront deux autres albums en mai 2005, dont un autre opéra-rock avec leur grand-mère…

Le 11 septembre
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