Daniel Boucher : L’oil de la Patente
Pour Daniel Boucher, s’affranchir complètement de la Patente relève de l’utopie. La seule issue demeure une transformation par l’intérieur. Lentement mais sûrement.
"Personne n’est en marge, man… On est tous pognés là-dedans, on a chacun notre rapport à la Patente. On essaie de s’en distancer le plus possible, mais personne ne peut s’en sortir complètement. À partir du moment où t’as des rapports avec les autres, le système est là… Mais, il a été inventé par l’être humain. Donc, il est transformable. Tous les petits gestes que tu poses chaque jour de ta vie ont plus d’impact que tu penses. Ta piastre, tu choisis où tu la mets; il est là ton pouvoir. C’est avec ça que tu peux changer des choses, et ça peut être ben surprenant. C’est nous autres qui menons, man… Choisir! Choisir ce que tu manges, choisir ce que t’écoutes, ce que tu regardes, ce que tu portes, ce que t’es, quand tu parles aux autres… C’est comme ça qu’on va transformer la Patente, qu’on va réussir à finir par vivre dans un monde à notre goût…"
Le ton est posé, résolu, mais purgé de tout vain défaitisme lorsque Daniel Boucher cause de cette redoutable machine, cette Patente qui pilote insidieusement nos existences et qui a inspiré le titre de son étonnant deuxième essai paru en février dernier sur sa nouvelle étiquette de disques, Boucane Bleue. Goûtant depuis six mois aux joies de la paternité – "c’est le trip de ma vie, man!" -, le musicien savoure également toute l’indépendance acquise en recouvrant le plein contrôle de sa vie professionnelle et artistique. Même si "ça demande ben du jus", à commencer par faire un album tout seul. "Ç’a été difficile au niveau émotif", reconnaît l’artiste quant à la ponte de cette galette riche en exploration sonore et en arrangements imaginatifs, dont il signe réalisation et production. "Ç’a été tough à cause des attentes. Il y avait une espèce de pression par rapport à ce disque-là. J’essayais de ne pas trop y penser, mais ce n’est pas évident… Des fois, tu réussis, par bouts, à te concentrer sur la musique, mais à d’autres moments, tu n’es pas capable de faire abstraction de ça et ça devient plus stressant. Mais je suis content du travail qu’on a fait. Il n’est pas parfait, il y a des affaires que je changerais, mais à un moment donné, il faut que t’assumes que c’est ce que t’étais à ce moment-là, puis c’est correct…"
Ravi de retrouver les planches, Boucher soutient que l’adaptation des pièces à la scène se déroule sans heurts, étonné par la récurrence de la question. "C’est moins pire qu’on pense. Cet album-là est plus facile à jouer live que 10 000 Matins. Je le trouve plus brut… Mais c’est certain qu’il y a eu de la déconstruction à faire parce que c’est un peu un bricolage, ce disque-là", convient le chanteur-guitariste, qui sera épaulé par David Brunet (guitare), Hugo Labelle (basse) et Sylvain Clavette (batterie), en plus d’un VJ qui régira l’aspect visuel du spectacle en direct sur la scène. "On a un maudit beau stage! lance le principal intéressé. J’espère qu’il va y avoir du monde parce que ça va être le fun en crisse! Puis si vous venez voir le show, mettez-vous beaux… Parce que la Patente vous "watche"!"
Le 29 septembre à 20 h
Au Grand Théâtre
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