Keane : Hôtel des cours brisés
Musique

Keane : Hôtel des cours brisés

Pour Keane, le succès a longtemps été une douce fabulation.

Si les trois musiciens y goûtent aujourd’hui pleinement en se positionnant bien à l’avant de la scène musicale britannique, ils n’ont cependant rien perdu de leur faculté de rêver.

Le 7 septembre dernier, les membres de Keane voyaient le prestigieux prix Mercury pour l’album anglais de l’année leur filer sous le nez pour être remis aux mains des gars de Franz Ferdinand. "Nous avons été impressionnés d’être en nomination pour ce prix, avoue le chanteur Tom Chaplin, et évidemment, cela aurait été fabuleux de le remporter, mais le simple fait d’avoir été en lice avec de très bons groupes représente déjà beaucoup pour nous. C’est plutôt chouette que les gens des médias et de l’industrie nous accordent de l’intérêt dès le premier album et apprécient ce que nous avons accompli. À certains moments, c’est dur de croire en cette réussite, mais dans un sens, c’est exactement ce que nous avions imaginé, nous sommes en train de vivre notre rêve."

Hopes and Fears, paru au printemps dernier, détenait tous les atouts nécessaires pour attendrir un public avide de grands émois et ainsi se tailler une place de choix à la tête des palmarès britanniques. Cette série de ballades envoûtantes, menées par un piano (aucune guitare chez Keane) et par une voix bourrée de mélancolie au timbre haut perché est maintenant en passe de frapper de la même manière de ce côté-ci de l’Atlantique, où résonne déjà à profusion le premier extrait Somewhere Only We Know. Comme autant de chroniques de cœurs brisés et de perditions affectives, les hymnes mélodiques du groupe s’inscrivent dans une mouvance tout ce qu’il y a de plus britpop; des chansons sur lesquelles se profile bien en évidence l’ombre de Coldplay, de Travis et, dans une certaine mesure, de Radiohead.

Devant la multitude de groupes qui ont émergé de l’inconnu et qui ont pondu un hit accrocheur – ou, avec plus de chance, quelques-uns – avant de se voir confinés à l’oubli, n’appréhendent-ils pas de n’être qu’une passade de plus chez les auditeurs, et que leur succès ne soit qu’un feu de paille? "Nous ne cherchons pas à faire une musique qui soit à la mode. Nous composons et interprétons des chansons simplement parce que c’est le meilleur moyen que nous avons trouvé pour exprimer ce que nous sommes, c’est de nos émotions qu’il s’agit. Nous ne prétendons pas être particulièrement cool ni avoir une image très cool. Nous aimons tout simplement faire une musique authentique, le plus honnêtement possible. Je crois donc que nous pouvons échapper au phénomène de "saveur du mois"."

C’est instinctivement que les trois membres, amis depuis toujours, ont choisi d’imiter leurs idoles, Oasis, U2 et les Beatles, alors qu’ils fréquentaient la même école de Battle dans le sud du pays. "Nous avons réalisé une grande partie des rêves qui nous animaient au départ, mais malgré cela, nous avons encore de l’ambition; on sait qu’il y a encore tellement de choses que nous pourrions accomplir. Ce serait merveilleux par exemple de réaliser un jour un album qui marquerait l’histoire de la musique, qui inspirerait d’autres artistes et dont les chansons pourraient faire une différence dans la vie des gens."

Le 1er octobre
Au Spectrum dans le cadre de Pop Montréal
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