Steel Pulse : Le tour du world en 30 ans
Après 30 ans de reggae dans le sang, Steel Pulse bat toujours le tempo.
En écoutant African Holocaust, le plus récent album de Steel Pulse, cette formation britannique qui célébrera l’an prochain sa 30e année d’existence, on s’aperçoit rapidement que David Hinds et sa bande semblent toujours y croire autant, sinon plus que jamais. Qu’est-ce qui les motive? "Notre but commun, ce à quoi nous croyons, me répond Hinds tout de go, c’est le sort de l’humanité et particulièrement celui de la diaspora noire. Nous croyons à une certaine solidarité, à une sorte de confrérie internationale. Nous parlons encore et toujours de révolution, mais elle change et en même temps reste la même: il s’agit en fait d’un éveil spirituel et mental que nous tentons de promouvoir." Depuis l’avénement du son dancehall à la fin des années 80, force est d’avouer que tous les groupes d’allégeance roots ont subi une lourde perte de popularité, et Steel Pulse n’y a pas échappé. "Il y a eu le changement de style musical, c’est bien sûr, mais il y a aussi la mentalité des gens, qui ne semblaient pas beaucoup s’intéresser à ce qui se passe dans le monde. Ce qui nous ramène probablement dans l’œil du public, ce sont les événements au Moyen-Orient, ce nouvel ordre mondial qu’on tente d’établir. C’est de cela que nous parlons sur African Holocaust, et c’est de cela que nous avons toujours parlé", ajoute David, qui prône au moyen de sa philosophie rasta un rapatriement à la mère Afrique, de façon physique autant que mentale et spirituelle. "On nous dépeint toujours l’Afrique comme étant pauvre, sous-alimentée, affectée par le sida, agitée socialement et politiquement, alors que ce n’est pas le cas de tous ses pays; on pourrait penser s’y établir et vivre pas mal plus facilement que nos parents, qui ont dû endurer des difficultés en s’installant en Europe! J’aime particulièrement le Ghana, la Gambie, mais cela dit, je n’ai pas encore visité l’Afrique du Sud ni l’Éthiopie."
Fer de lance du reggae britannique, le leader du groupe offre à ma demande sa perception de la différence entre le reggae jamaïcain et son rejeton anglais. "Le son jamaïcain a toujours été le catalyseur de ce qui s’est passé en Angleterre et Londres a toujours été la Mecque reconnue du reggae britannique, même si nous venons de Birmingham. L’ingrédient principal de notre musique est mélodique, alors que les Jamaïcains sont plus portés sur l’aspect rythmique. En ce qui concerne les textes, au fur et à mesure que nous avons découvert le monde, on a pu se mettre à écrire sur des sujets plus internationaux; nous avons donc en général beaucoup plus de latitude par rapport aux sujets que nous abordons". Effectivement, si on compare ce récent album avec la célèbre trilogie du groupe de la fin des années 70 (Handsworth Revolution, Tribute to the Martyrs et Earth Crisis), on se rend compte que Hinds n’a jamais vraiment dévié de sa trajectoire, sauf pour quelques clins d’œil à saveur commerciale ici et là. "Vraiment, avec cet album, conclut David Hinds, on sent qu’une nouvelle génération qui ne nous connaissait ni d’Ève ni d’Adam commence à nous écouter…"
Le 4 octobre.
En spectacle au Spectrum
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