The Unicorns : Licornes, motards et souliers
Musique

The Unicorns : Licornes, motards et souliers

Il y a un an, The Unicorns donnaient un concert complètement brouillon au dernier Pop Montréal devant une poignée de spectateurs. Cinquante-deux semaines plus tard, le groupe compte parmi les têtes d’affiche du Festival.

Soirée de clôture du Pop Montréal 2003, dans un petit O Patro Vys qui n’affiche pas complet, The Unicorns donnent un de leurs premiers concerts montréalais. Une mini-catastrophe. Les chanteurs Nicholas Diamonds et Alden Ginger (l’âme intempestive du trio) passent leur temps à s’injurier. Tellement que la plupart des pièces s’interrompent avant leur conclusion. Soit parce que Nick trouve qu’Alden fausse ou tout simplement parce qu’Alden décide soudainement de balancer une solide droite à l’épaule de Nick.

"Les gens ne savent pas, mais Nick et moi sommes des frères", affirme Alden dans un français convaincant quoique hésitant. "Mes parents l’ont adopté alors que nous vivions en Colombie-Britannique. Nous avons passé notre enfance et notre adolescence ensemble. Il est normal que notre relation soit chaotique, même si nous nous sommes maintenant calmés en concert."

Pas évident à suivre, le parcours de la formation pop aux synthétiseurs lo-fi. Né au Québec, Alden a déménagé au BC à l’âge de quatre ans pour revenir vivre ici en 2002. Pour sa part, Nick quittait l’ouest du pays quelques mois avant son frère pour étudier le cinéma à Concordia et pour tourner des films érotiques, selon Alden. Ils ont alors mis sur pied les Unicorns, lancé Who Will Cut Our Hair When We’re Gone? sur étiquette Alien 8 et quitté leur appartement pour fuir un immeuble envahi par les motards.

Entre-temps considérés comme fondateurs du groupe le plus prometteur à Montréal (à égalité avec Arcade Fire), Nick et Alden ont ensuite vécu en nomades dans une tente-roulotte. Leur demeure jusqu’à l’hiver dernier. "Nous l’avons abandonnée sur les routes du Manitoba lors de notre tournée canadienne. C’était l’hiver, et une couche de glace recouvrait la chaussée. Nous avons dérapé et bousillé la roulotte."

Alien 8 a dû alors prêter main-forte à ses poulains, car le phénomène Unicorns commençait à prendre de l’ampleur aux États-Unis. Adidas a même allongé une somme importante afin d’utiliser la pièce I Was Born (A Unicorn) dans une publicité de souliers (écoutez les premières mesures de la chanson et imaginez un homme courir, vous verrez que le choix était justifié). "Nous avons refusé l’offre, car nous ne croyons pas que notre musique doit servir à vendre autre chose qu’elle-même. De plus, nous souhaitons rester maîtres de nos compositions. Avec ce type de contrat, tu signes, tu reçois le chèque et tu découvres une fois la publicité en ondes comment la compagnie a utilisé ta chanson. Ça ne nous intéresse pas."

Et cette musique aussi imprévisible qu’accrocheuse, d’où sort-elle? "J’ai écouté beaucoup de Paul Simon et de Beatles, mais je crois que notre tendance déconstruite provient de l’album Junior Jug Band des frères canadiens Chris et Ken Whiteley. Ils y reprenaient des pièces pour enfants à l’aide d’instruments et d’arrangements étranges. Nick et moi étions jeunes, ça nous faisait rigoler." Tiens, tiens, deux frères, des arrangements inusités et des comptines pour enfants forcément mélodiques. Tiendrions-nous la clé des Unicorns?

Le 1er octobre
Au Cabaret La Tulipe à 21 h dans le cadre du Pop Montréal
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