Claudine Bourdages : AlegrIssime!
Musique

Claudine Bourdages : AlegrIssime!

La chanteuse Claudine Bourdages a fait ses adieux à QuébecIssime. Dans quelques jours, elle foulera le sol du Japon, son pays d’adoption pour les 15 prochains mois.

Quelle histoire! Vous avez cinq minutes? Je pourrais vous la raconter. Allez, prenez le temps. Il était une fois une jeune femme du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Elle s’appelait Claudine Bourdages. C’est encore son nom, d’ailleurs. Claudine avait une voix magnifique, douce, un peu rauque, puissante. Depuis plusieurs années, Claudine chantait avec QuébecIssime, cette belle gang de fous qui connaît depuis 10 ans un succès certain et bien mérité. Un soir de janvier 2003, la troupe avait déménagé sa fougue au Théâtre Saint-Denis à Montréal et Claudine interprétait, comme d’habitude, la chanson-thème d’Alegria, le célèbre spectacle du Cirque du Soleil. Or, devinez quoi, il y avait dans la salle un dépisteur du Cirque du soleil à la recherche d’une nouvelle voix. Depuis quatre ans, il cherchait, cherchait et cherchait encore, aux quatre coins du monde, quelqu’un qui aurait la voix appropriée pour le rôle. Une voix particulière, à la fois douce et puissante, un peu rauque. En février, QuébecIssime reçoit donc un appel du Cirque du Soleil: "C’était qui la fille qui chantait Alegria dans votre spectacle? On serait intéressés à la faire auditionner pour le rôle."

LE MONDE MERVEILLEUX DES AUDITIONS

"Oh là là! Une minute!" fait Claudine. C’est quand même au Japon. C’est quand même pour 15 mois. On ne s’embarque pas de façon aussi irréfléchie dans une telle aventure. "Je vais y penser, savez-vous", répond notre héroïne, qui partait pour un an de tournée avec Nanette Workman. Après quelques mois à peser le pour et le contre, notre jeune chanteuse se décide: elle va relever le défi. Elle confirme sa décision au Cirque du Soleil au mois de mai, on la convoque donc pour une première audition un mois plus tard. Elle y arrive bien préparée avec quelques-uns de ses meilleurs succès. Après sa prestation, on lui remet un disque avec cinq chansons d’Alegria en lui demandant de les apprendre et de revenir dans quelques jours pour une deuxième audition. "Il fallait que je chante en italien, en espagnol et en allemand, confie notre amie, mais j’étais prête." Prête, elle l’était pour chanter. Mais jouer à l’actrice, ce n’était pas prévu dans son programme à elle: "Ils m’ont demandé de jouer la comédie! J’ai dû mimer des émotions avec mon visage, marcher avec différentes intentions. Comme si j’étais une reine, ou une mendiante. Ce n’était pas évident. En plus, c’est peut-être bizarre, mais c’était ma première vraie audition en 25 ans! C’est sûr qu’à QuébecIssime on doit jouer plusieurs personnages, mais c’est sur scène; en audition, c’est différent. J’étais tellement gênée que j’ai décroché. Je me suis dit dans ma tête que tout ce qu’il me restait à faire, c’est d’être naturelle." Son naturel lui réussit. Le Cirque la rappelle, son audition était époustouflante, on l’engage pour le Japon. "J’étais vraiment surprise, avoue Claudine, parce qu’en sortant de l’audition j’avais dit à mon chum que ce n’était sûrement pas pour moi." Et pourtant… Claudine, il faut le souligner, a été sélectionnée parmi 3000 chanteuses, toutes nationalités confondues, au cours d’un processus qui a duré un an.

AVANT LE DÉPART

Donc, l’aventure commence pour notre jeune femme, qui débute sa formation au sein du Cirque du Soleil un an après avoir été découverte au Saint-Denis. Deux mois intensifs de cours de toutes sortes au studio du Cirque à Montréal. Elle travaille sa voix avec un coach vocal, qui lui enseigne comment faire passer des émotions avec la prononciation. Il y a quand même des chansons dans cinq langues différentes. Commentaire de Claudine: "En tout cas, au Japon, je vais prendre des cours de langues! Il y a une école sur le site du Cirque." Elle se pratique à marcher dans une pente de 80 degrés tout en ayant l’air parfaitement droite, "parce que la scène est penchée, ça ne paraît pas comme ça, hein! Juste contrôler l’immense crinoline est un apprentissage", s’exclame Claudine. Elle apprend à réaliser son fabuleux maquillage. "J’ai eu neuf heures de cours juste pour mon maquillage, parce que là-bas je vais devoir le faire moi-même. Ça me prend presque une heure et demie", nous révèle la chanteuse. Et chaque jour, Pierre Parisien, le directeur artistique, lui raconte le monde d’Alegria pour qu’il devienne totalement sien. Il faut préciser qu’Alegria est le spectacle du Cirque où le chant prend le plus d’importance. La chanteuse est en piste presque du début à la fin.

À NOUS DEUX TOKYO

"Ma première a eu lieu à New York au mois de mai. D’habitude, on a plusieurs semaines d’intégration avant de faire le vrai spectacle, mais la chanteuse que je devais remplacer est partie plus tôt. J’ai dit que j’étais prête à me lancer. J’ai écouté le spectacle un soir et j’ai joué le soir d’après. En plus, Francesca Gagnon, celle qui a créé le rôle, était dans la salle ce soir-là!" Un mois à New York, un mois à Toronto, 80 spectacles. Mais Claudine tenait à rentrer au bercail pour la 10e saison de QuébecIssime. Elle part le 17 octobre pour 15 mois au Japon. Elle devra décider cet hiver si elle est de la tournée européenne qui suivra. Si c’est le cas, elle en a pour environ trois ans. "Je ne peux rien garantir, mais j’ai l’impression que je suis partie pour un bon bout de temps", avance notre héroïne.

Voulez-vous savoir le plus beau? Notre amie ne part pas seule. Elle sera avec son tendre époux depuis l’été, David Simard, batteur pour QuébecIssime. "Le Cirque essaie toujours de trouver du travail aux conjoints des artistes. Justement, le batteur attitré d’Alegria depuis huit ans ne désirait pas renouveler son contrat pour le Japon. David a passé l’audition et a été retenu parmi tous les candidats!" Claudine rayonnait de fierté, son chum sera le nouveau percussionniste d’Alegria.

Ils vécurent heureux…mais "pas tout de suite, les enfants!"

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QUELQUES ANECDOTES
Pour monter son projet, le démo, le portfolio et tout le tralala afin de se rendre jusqu’à l’audition, Claudine a bénéficié du programme Jeunes Volontaires, qui lui a donné des sous et un appui appréciés. Un programme qui l’a menée loin!
Au Japon, Alegria est présenté 10 fois par semaine, 2 fois par jour. Le lundi, c’est congé. La première représentation est à midi, l’autre à 16 h. "J’aurai mes soirées libres, je ne suis pas habituée à ça", blague Claudine.
Les artistes du Cirque vivront à l’hôtel pendant toute la durée de la tournée japonaise. Un autobus les ramène chez eux le soir après le spectacle.
Au Japon, Alegria est produit par Fuji. Les artistes du spectacle sont déjà des stars hyper-médiatisées. On voit leur tête sur les autobus et les bancs de restaurants. Ils ont été prévenus que leurs allées et venues seront suivies pas à pas. Claudine est en quelque sorte le personnage central du spectacle. On imagine facilement qu’elle sera la coqueluche des Japonais.