Metallica : Au cour du monstre
La créature Metallica a le bras long. Robert Trujillo surfait paisiblement à Tahiti lorsque, entre deux rouleaux, il remarque trois messages sur sa boîte vocale. Le surlendemain, il répétait avec le monstre californien.
Les vagues du Pacifique Sud devaient être colossales et grisantes à souhait. Mais faire vrombir ses quatre cordes au sein d’un des plus grands groupes métal de l’univers connu doit sans doute générer une tout autre classe de sensations fortes. "C’est fantastique! Complètement surréaliste!" lance Robert Trujillo, quelques minutes avant d’affronter le public de Green Bay, au Wisconsin. "Cela fait déjà un an et demi et c’est purement exceptionnel; je ne peux pas m’imaginer revivre quelque chose d’aussi intense. La charge de travail est énorme, mais c’est formidable; j’accepte les défis et je les apprécie grandement. Beaucoup d’autres personnes auraient pu paniquer, mais ça se déroule très bien pour moi…"
Car les fanatiques de Metallica ne sont pas réputés pour leur indulgence. Et ils ne se gênent surtout pas pour signifier leur mécontentement. Mais en plus d’être un admirateur de longue date (spécialement de l’époque Ride the Lightning et Master of Puppets) puis d’avoir assisté à une foule de concerts du groupe, Trujillo connaissait intimement ce public, ayant déjà réchauffé nombre d’arénas pour James, Lars, Kirk et Jason avec Suicidal Tendencies en 1993 et 1994. "Je ne voulais pas changer qui j’étais en tant que musicien", confie le successeur de Cliff Burton (décédé lors d’un accident d’autobus en Suède en 1986) et de Jason Newsted (qui s’est désisté en 2001). "Je voulais intégrer les rangs de Metallica en restant moi-même et c’est ce que j’ai fait. Je pense que les gens ont respecté cela; ça m’a permis de survivre plus facilement aux attentes des fans. Car si on m’avait déniché dans la rue et qu’on avait fait de moi le nouveau bassiste de Metallica, ça aurait pu être angoissant!" poursuit-il, reconnaissant que le poste requiert une forme hors du commun doublée d’une généreuse dose de discipline. "Techniquement et physiquement, c’est vraiment le groupe le plus exigeant auquel j’ai participé", poursuit le musicien ayant également sévi avec l’ensemble funk-métal Infectious Groove. "Parce qu’il faut travailler la scène et, parfois, elle est tout simplement immense! Comme un porte-avions! C’est très éprouvant; tu ne restes jamais en place et tu alternes continuellement d’un micro à l’autre, car ils veulent de l’action autant que possible…"
De l’action, Trujillo en a vu de toutes les couleurs à son arrivée: Joe Berlinger et Bruce Sinofsky tournaient alors ce qui allait devenir le documentaire Some Kind of Monster, psychanalyse en profondeur d’un groupe rongé par l’incertitude et les troubles de communication. "Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en arrivant et j’y ai trouvé une équipe de tournage, un thérapeute… Alors, ça a été un peu un choc. Mon audition, mes entrevues et mes conversations allaient toutes être filmées; j’ai trouvé ça un peu étrange. L’histoire du thérapeute (Phil Towle) me semblait bizarre au début, mais ça s’est avéré très positif en fin de compte parce que ça a aidé les gars à communiquer, à se renforcer et à aller de l’avant pour finir l’album…" C’est donc armé des 11 nouvelles pièces de St. Anger que l’impétueux quatuor rapplique au Colisée, deux fois plutôt qu’une, sept ans après sa dernière visite. Difficile de prédire exactement ce que réserve le groupe à ses nombreux admirateurs québécois. "Nous avons toujours un bloc de chansons principales, mais on mélange tout le temps. Certains soirs, on va jouer Fade to Black; d’autres fois, on y va avec Sanitarium ou Wherever I May Roam… À la fin du spectacle, on joue toujours des morceaux différents; comme ce soir, on va jouer Green Hell et d’autres chansons obscures comme Phantom Lord… On aime bien varier!"
Les 14 et 15 octobre à 19 h 30
Au Colisée Pepsi
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