Béluga : Les ailes du désir
Musique

Béluga : Les ailes du désir

Béluga lance un album pop métissé qui célèbre le côté ludique des tourments amoureux. Suivons la baleine chantante jusqu’à l’île des filles.

Jean Leloup n’est plus, soit. Mais le Roi Ponpon a fait des petits qui ont appris à voler de leurs propres ailes. Béluga, duo lumineux et dernière recrue de l’étiquette La Tribu, avec sa pop pétrie d’influences funk, rock, reggae, hip-hop et jazzées, avec ses mélodies volatiles et virevoltantes entonnées par le dernier des romantiques, figure au nombre des rejetons qu’on devra surveiller de près. Première entrevue du groupe.

FUSION

Ce qui surprend aussitôt qu’on les aperçoit, c’est à quel point ces deux-là se complètent. D’un côté, il y a Simon Landry, guitariste et producteur de l’album, regard vif, esprit concret et allumé, chercheur en économie à l’Université de Montréal, ex-Fresh Persil, la moitié "groundée" de Béluga. L’autre chaise est occupée par Clermont Jolicœur, comédien que l’on a pu voir dans 4 et demi et Maëlstrom entre autres, rêveur romantique amoureux de la Femme, la part aérienne de Béluga.

"Notre rencontre est une histoire de bon voisinage, raconte Simon Landry. J’avais des musiques, je cherchais un parolier-chanteur et je faisais circuler le mot dans mon entourage. De son côté, Clermont avait des textes. On nous a présentés l’un à l’autre et ça a cliqué, on a fusionné nos univers. J’ai enfin trouvé mon alter ego."

Né dans l’enthousiasme et la spontanéité, le premier album (éponyme) de Béluga fut concocté dans une indépendance préservée, dénuée de compromis. Les deux acolytes avaient pensé à tout: jolie pochette invitante et stylisée, collaborateurs impressionants: feu Jean Leloup, Batlam (Loco Locass), Liquid (Bran Van 3000), Louis-Jean Cormier à la réalisation (Karkwa), livret complet; de la "belle ouvrage" comme on dit. Ce n’est qu’une fois parvenus à l’étape de la promo, de la diffusion et de la distribution que les gars de Béluga sont allés cogner à la porte de La Tribu.

ÉCLOSION

Questionné sur l’épineuse question de l’accent, sur la manière de livrer ses textes célébrant l’amour vécu non pas comme un drame sentimental mais plutôt comme un jeu où perdre des plumes n’est pas obligatoirement une catastrophe, sur la façon de chanter en français au Québec en 2004, sur l’attrait ou la répulsion du joual, Clermont répond ceci: "Dans une période où j’étais à la recherche de repères, musicalement parlant, j’ai beaucoup écouté Gilles Vigneault et Jean Leloup. Ma parole est issue de ces deux influences. Quant au joual, ça ne me convenait pas, j’avais l’impression de déformer la langue. Mon objectif premier, c’est d’être compris."

"Et je trouve sa façon de chanter hyper-sincère, il n’y a rien de forcé là-dedans", renchérit Simon, qui sort de l’expérience du premier album avec une impression de plus grande proximité avec la musique: "J’étais habitué de travailler avec des ordis et des boucles; j’ai dû apprendre à faire confiance à notre côté organique en allant vers des interprétations live, avec les maladresses qui vont avec, mais aussi avec les détails et les nuances qui en découlent. On voulait des textures, un grain musical, on ne cherchait pas à aller vers un son léché", ajoute le guitariste passionné de musiques afro-américaines et de grooves texturés, emballé par les Outkast, The Roots, Gorillaz, Radiohead et autres Calexico de ce monde.

Le 12 octobre
À La Tulipe
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