Sue Foley : La maturité qui porte au plaisir
Sue Foley, figure de proue du blues canadien, s’est offert un joli petit cadeau avec son premier album en concert acoustique, Change.
En plus d’une quinzaine d’années de métier, la blues-woman native d’Ottawa Sue Foley a atteint une maturité qui lui permet de voir la musique sous un angle différent. Après avoir vécu au Texas pendant plusieurs années et voyagé en Europe et en Amérique du Nord à maintes reprises, celle qui se décrit comme une "fille nordique" est revenue au bercail pour y mettre un enfant au monde. Hormis les années de tournées et d’enregistrement, l’arrivée de son fils Joseph dans sa vie est un des événements les plus marquants de sa quête vers la sagesse. "Avoir un enfant m’a rendue moins centrée sur moi-même. Ça m’a ramenée sur terre." Pour Foley, ce temps empreint d’une certaine plénitude, que l’on reconnaît chez les grands du métier qui l’ont inspirée – tels Muddy Water, Memphis Minnie et Earl Hooker -, était approprié pour se permettre le doux plaisir d’un album en concert capté d’un trait, sans prétention.
Enregistré au Hugh’s Room à Toronto en une soirée, le nouvel opus de la guitariste et chanteuse de blues ottavienne nous offre une douzaine de pièces acoustiques en toute simplicité. Jusqu’à tout récemment, rien ne laissait présager que Sue Foley allait enregistrer un premier album en concert. "Je n’y avais pas vraiment pensé. Il n’y avait pas vraiment d’intention derrière cette séance d’enregistrement. C’était donc un processus de production très relax, qui a donné des résultats organiques." Laissant de côté la guitare électrique et l’approche plus rock de son précédent Where the Action Is, Foley partage, avec Change, tout le délassement qu’elle s’est permis en spectacle. Cette atmosphère détendue transparaît sur l’album. La musicienne, qui travaillait avec acharnement dans le but de se faire reconnaître il y a quelques années, adopte maintenant une approche plus décontractée envers la musique. Ces prestations dénudées font ressortir la valeur pure de ses compositions. Et contrairement à la panoplie de concerts acoustiques à grand déploiement façon MTV Unplugged, Change nous transporte au cœur de la prestation au lieu de nous laisser admirer le spectacle de l’extérieur.
La voix de Foley, à la fois fragile et assurée, charmante et nasillarde, marchant sur l’étroite ligne qui existe entre Janis Joplin et Bonnie Rait, est plus prédominante qu’auparavant. La chanteuse admet avoir beaucoup travaillé sur ses performances vocales pour cet album: "La nature acoustique de l’enregistrement a fait toute la différence. Le fait de ne pas avoir à forcer ma voix pour enterrer les musiciens m’a permis d’être plus à l’aise."
C’est dans cet esprit que la blues-woman ontarienne prévoit poursuivre sa tournée de prestations acoustiques, qui s’arrêtera le vendredi 22 octobre à la Quatrième Salle du Centre national des Arts d’Ottawa. Plusieurs idées mijotent dans la tête de Sue Foley, qui admet avoir déjà en réserve plusieurs chansons pour un autre album, sans oublier son projet de longue date, Guitar Woman, qui se veut un hommage aux grandes dames de la guitare en format livre, et peut-être aussi en DVD. À ce sujet, elle dit avoir accompli le tiers du travail de préparation jusqu’à maintenant. La route ne s’arrêtera pas de sitôt pour Sue Foley…
Le 22 octobre
À la Quatrième Salle du CNA
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Sue Foley
Change
Justin Time/Distribution Fusion III