The Stranglers : Bêtes noires
Le come-back des Stranglers serait-il favorisé par le revival des années 80, eux qui pourtant ne sont jamais partis?
Rarement avait-on vu pareil changement de cap. Après avoir été dans les disgrâces de tous les pseudo-connaisseurs de musique, les années 80 sont de retour. Ce qui était considéré, il y a quelques années encore, comme surchargé de synthés "cheapos" est désormais chic et tendance. Bonsoir Nirvana, bienvenue Duran Duran… Faut-il se surprendre alors qu’une flopée de formations aient repris du service? Chose certaine, on ne pourra jamais accuser The Stranglers d’être du lot. Après tout, les Britanniques bourlinguent sans interruption depuis maintenant 30 ans, se permettant même en 2004 la parution d’un disque franchement bien foutu.
Ces parfois très sombres et complexes troubadours ont beau avoir débuté en 1974, reste que c’est aux années 80 qu’on associe leurs faits d’armes les plus marquants, à commencer par La Folie, album phare contenant notamment la chanson Golden Brown. Tantôt associés au mouvement punk, tantôt à la new wave, les Stranglers ont souvent dérouté le public et carrément mystifié (quand ce n’est pas violenté) la presse. Une histoire en montagnes russes où les passages à vide ne doivent en aucun temps faire oublier l’importance de la formation dans l’histoire de la musique pop britannique. À plus de 50 ans, le bassiste belge et membre fondateur Jean Jacques Burnel est nettement plus conciliant avec les journalistes qu’il ne le fut naguère. Calme, patient et affable, Burnel peut néanmoins être incisif, notamment lorsqu’il commente le retour de ses pairs comme les Sex Pistols: "La vérité sur ce groupe, c’est que c’était un boys band. Les Sex Pistols étaient un groupe fabriqué un peu comme les Monkees. La deuxième fois qu’ils sont revenus ensemble, c’était simplement pire, à l’exception qu’au moins ils pouvaient vraiment jouer de leurs instruments. Je les ai seulement vus à la télé et je suis assez content de ne pas avoir dépensé pour aller les voir en spectacle…"
Les Stranglers ont beau n’avoir jamais été aussi pathétiques que les Pistols deuxième cru, reste que la dernière décennie n’a quand même pas été facile: "C’est évident, concède Burnel. De moins en moins de gens nous suivaient, les offres devenaient ridicules et les maisons de disques ne voulaient plus de nous. C’est clair que le changement de chanteur (Hugh Cornwell a quitté en 1990) a été difficile à digérer pour plusieurs. Heureusement, il y a toujours eu des fidèles. Pour nous, c’était suffisant…" Suffisant et nécessaire pour finalement arriver avec The Norfolk Coast, sans doute un des efforts les plus réussis des Stranglers depuis des lustres. Un disque dense, aux influences multiples, qui a cependant mis beaucoup de temps à voir le jour: "Oui, ç’a été long, mais je ne suis pas un automate. Il y a une vie à l’extérieur de la musique et j’y tiens. Si tu ne fais qu’écrire, tu te trouves rapidement à composer des trucs sur la tournée et les chambres d’hôtel parce que c’est tout ce que tu connais. J’ai envie d’écrire sur de grandes choses, pas sur des petites." Et c’est de ces grandes choses qu’il viendra justement nous entretenir au Club Soda…
Le 20 octobre
Au Club Soda
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