And You Will Know Us by the Trail of Dead : Suivre les cadavres
And You Will Know Us by the Trail of Dead figurait parmi les têtes d’affiche du festival new-yorkais CMJ. Présent à Manhattan, Voir a profité de l’occasion pour prendre le pouls d’une des formations alternatives les plus attendues de l’automne.
Vendredi 15 octobre 2004, New York City. Le festival de musique CMJ, qui attire des groupes alternatifs des quatre coins du globe, bat son plein dans un New York en pleine campagne électorale. Étrangement, les rues de la Grosse Pomme n’ont rien d’une exposition de clichés de Kerry ou de Bush. Les affiches électorales qui parsèment la ville mettent plutôt en vedette les Usher, 50 Cent, Mariah Carey et Mary J. Blige, vêtus de chandails arborant le slogan Vote or Die, nom de la campagne orchestrée par Puff Daddy visant à faire sortir le vote chez les jeunes électeurs.
Le CMJ n’échappe pas à cette fièvre électorale. On présente avant les concerts des publicités sur écran expliquant comment s’inscrire à la liste électorale. Des instructions reprises sur des flyers distribués parmi la foule qui, ce soir-là, s’entasse au Bowery Ballroom de la rue Delancey (pensez à un grand Café Campus) pour voir la formation texane And You Will Know Us by the Trail of Dead.
Le combo rock proche d’At the Drive-In devait monter sur scène vers 1 h 30 du matin. Il est 2 h et des poussières et les roadies s’affèrent toujours à ajuster les deux batteries utilisées par le groupe. Deux guitares, une basse, un clavier et un échantillonneur (pour les orchestrations de cordes) complètent l’installation, que nous devrions aussi voir à Montréal ce vendredi.
Le quatuor monte finalement sur scène vers 2 h 15 pour livrer un concert d’une forte intensité, bien que les classiques It Was There That I Saw You et Another Morning Stoner, tirés du brillant Source Tags & Codes et joués dès le début, n’atteignent pas la même vélocité que sur compact. Trail of Dead compense en entonnant plusieurs chansons de son nouveau disque, qui devait paraître cet automne.
"L’album est terminé", m’avouait plus tôt dans la journée le guitariste Kevin Allen dans les bureaux d’Universal Music à NYC. "Nous avons été légèrement retardés lors de l’enregistrement, mais si l’album ne sort pas comme prévu (la présente tournée devait à l’origine soutenir la galette), c’est que notre compagnie de disques préfère repousser le lancement pour consacrer ses efforts à la sortie des nouveaux albums d’Eminem et de U2."
L’amertume au cœur, Kevin trônait à ce moment avec le chanteur Conrad Keely derrière une table bondée de sushis offerts par Universal, qui détient l’étiquette Interscope. "Une façon de se faire pardonner peut-être", lance Kevin.
"Pour ce qui est du disque, il ne ressemble pas vraiment à nos derniers enregistrements. Nous conservons nos attaques abrasives, mais nous avons énormément travaillé sur l’écriture des pièces, afin qu’elles deviennent plus mélodiques." Influencé par l’œuvre de David Bowie, l’album baptisé Words Apart, en vente dès le 25 janvier prochain, fait preuve d’une propension expérimentale à grand déploiement, où une ballade au piano peut précéder des explosions de caisse claire. Les ambiances évoluent en constante mouvance. "L’ère présente nous inspire ces sentiments instables, explique Conrad. D’un côté, l’homme arrive à des résultats fabuleux sur le plan des nouvelles technologies, qui aident grandement notre développement. De l’autre, les tensions politiques qui règnent dans le monde et les décisions que prend mon pays pour les régler ont de quoi nous foutre la frousse. Espérons que ça cessera." Vote or die.
En concert le 22 octobre
Au Café Campus
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