Paul Piché : Heureux d'un D.J.
Musique

Paul Piché : Heureux d’un D.J.

Expérimentations? Crimes de lèse-majesté? Gags? Réussites? Treize remixeurs se sont attaqués à Paul Piché… avec son approbation. Si tout Paluche 3.14 n’est pas d’égale valeur, reste qu’au final, l’initiative est franchement louable.

"Je suis convaincu que certains vont mal réagir. Ils en auront contre le principe…" Terré dans son chalet à attendre que l’automne s’installe définitivement sur sa Minerve, Paul Piché, lui, trouve ça bien drôle. Des whiz des platines et des ordinateurs ont trituré, barbouillé, déconstruit et reconstruit ses classiques, mais vous ne verrez jamais le principal intéressé crier au scandale. D’abord parce qu’il a donné son aval, et deuzio parce qu’on le soupçonne d’être assez fier de la chose: "Dès le départ, j’ai décidé de ne pas me mêler du projet, parce que je suis trop interventionniste. Je les aurais censurés et ils se seraient inconsciemment censurés. Comme ça, ils avaient vraiment carte blanche. Quelqu’un aurait mis le son d’un truck de vidanges sur Reste, je m’en câlissais. À la première écoute, j’avoue que j’ai souri, mais au bout du compte, j’ai été vraiment épaté. Et je te jure que si je n’avais pas aimé le résultat, je te l’aurais dit."

Vrai que certains remix sont franchement réussis. En transportant Mon Joe dans des atmosphères dignes des meilleurs westerns-spaghettis, Ramasutra a réussi un joli coup. Mais comme dans n’importe quelle compilation, certaines expériences sont franchement ratées. Faudra être prudent, la version house de L’Escalier du Californien Piki Chappell pourrait amener une hausse de pression et provoquer des malaises cardiaques chez certains des fans les plus croyants…: "C’est vrai que la version de Ram est très bonne. Il a très bien saisi le côté poor lonesome cowboy de la chanson. Et puis j’aime bien l’utilisation qu’il a faite des voix. Je pense même que j’aime mieux sa version." On a oublié de lui demander ce qu’il pensait de L’Escalier.

Au-delà du résultat, l’important reste cependant l’aspect expérimental de la chose. Soyons honnêtes, il restera probablement peu de traces de ces versions dans 20 ans, alors que plusieurs des classiques originaux se tiendront encore debout. Mais qu’importe, le côté fascinant, c’est qu’une génération de D.J. qui a grandi au Sona ou au Stéréo, et qui carbure à 100 bpm, se soit donné rendez-vous à l’enseigne d’un chansonnier, dont la matière première est à mille lieues de la sienne. On appelle ça de l’ouverture d’esprit: "Bien sûr qu’on sent le party là-dedans, mais je suis surtout agréablement surpris par l’expression artistique derrière leur interprétation. C’est surréaliste. Le projet peut sembler curieux et paradoxal, mais en même temps, il va de soi. Après tout, j’ai toujours été quelqu’un qui aimait bien explorer les textures sonores."

Et puis Piché, contrairement à ses collègues Rivard, Séguin ou Flynn, a toujours frayé avec l’aspect plus tendance de la Métropole: "Je me suis tenu dans les discothèques toute ma vie, confirme-t-il. C’est moins vrai depuis quelques années, mais j’ai toujours aimé ça." Reste à savoir si on le verra danser un jour sur du Piki Chappell…

Paluche 3.14
Paul Piché
(Jajou / Sélect)