Rasputina : Musique fantomatique
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Rasputina : Musique fantomatique

Rasputina est tombé dans l’oubli vers la fin de la décennie après avoir connu la gloire au début des années 90. Une situation qui ne rend pas Melora Creager amère, au contraire.

En fait, le mot "gloire" ne qualifie pas exactement le phénomène qui a entouré Rasputina à ses débuts, en 1991. Il faudrait plutôt parler d’un engouement enthousiaste pour la formation, exclusivement féminine à l’époque, qui donnait des concerts en vêtements d’époque (c’est encore le cas aujourd’hui). Il faut dire aussi que ce n’est pas tous les jours qu’on pouvait entendre du rock joué aux violoncelles.

Donc, au début des années 90, on s’arrachait littéralement Rasputina et sa fondatrice, la violoncelliste et chanteuse Melora Creager, qui a joué en tant qu’invitée sur des albums de Nirvana (Rasputina a aussi ouvert pour le groupe), Marilyn Manson, Porno For Pyros, Belle and Sebastian et les Goo Goo Dolls. Après la parution de Thanks for the Ether (1996) et How We Quit the Forest (1998), sur étiquette Columbia, le "hype" entourant Rasputina est cependant lentement retombé et le groupe a glissé vers un anonymat qui ne déplaît pas du tout à la fondatrice du trio aujourd’hui formé, outre Melora Creager, de la violoncelliste et chanteuse Zoë Keating et du batteur Jonathan TeBeest.

"Tu veux savoir si ça me dérange de constater que mon groupe a régressé depuis ses débuts?" questionne en riant Melora. En fait, ce n’est pas tellement une régression puisque Rasputina est maintenant suivi par une horde de fans beaucoup plus fidèles qu’avant: "Tu as raison. Je ne suis pas mécontente que mon groupe soit devenu underground. Ce n’est pas évident de faire ses débuts quand on reçoit énormément d’attention. On ne savait pas vraiment ce qu’on faisait, on était contrôlé par des gens d’affaires, on n’avait pas de plaisir et, surtout, on ne faisait pas d’argent. Puis, au fur et à mesure qu’on est redevenu petit, on a commencé à avoir plus de plaisir et à faire plus d’argent. Rasputina est maintenant plus proche de son public. C’est étrange, mais c’est comme ça", explique la chanteuse et violoncelliste.

Évidemment, elle est consciente qu’au lieu de devenir underground, Rasputina aurait pu carrément sombrer dans l’oubli, comme bien des formations ayant connu leurs 15 minutes de gloire. "Les groupes qui essayent de faire de la musique "populaire" ou qui font de la musique pour être riches et célèbres ne tiennent en général pas le coup. Par contre, ceux qui font de la musique par amour, sans concession aux modes, n’ont aucune raison de disparaître", estime Melora. La preuve, Rasputina existe toujours 13 ans après sa fondation et son quatrième album, paru en 2004, Frustration Plantation, n’a récolté que des critiques positives. "C’est vrai. Frustration Plantation a été bien reçu par la critique et ça m’étonne toujours un peu car je suis consciente du fait que mes goûts musicaux ne sont pas communs. Cela dit, même si je me suis posé la question, je suis incapable d’expliquer pourquoi d’autres personnes que moi aiment Rasputina! Leur intérêt est fascinant et je n’ai certainement pas l’intention de m’en plaindre", conclut Melora.

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