Java : La croisière s’amuse
Java, c’est pas de la menthe à l’eau. Lorsque la bande de joyeux lurons parisiens nous balance sa prose drôlement imaginative sur un ravigotant rap-musette, on ne peut qu’entonner sa devise: Sexe, accordéon et alcool!
Rap-musette serait en fait un brin réducteur comme appellation, même si c’est a priori ce qui frappe chez Java: ce curieux sentiment de visiter en cadence le Paris du Siècle des lumières et la cité banlieusarde du nouveau millénaire. Mais avec sa plus récente bourlingue sonore, Safari Croisière (Sony/2003), Java étend ses explorations bien au-delà d’Hawaï, paru en 2000. "Je pense que Safari Croisière est un peu plus musical, reconnaît François-Xavier Bossard, dit Fixi, accordéoniste, multi-instrumentiste et compositeur. Il y a plus d’orchestrations et d’arrangements, alors que le premier était beaucoup plus sobre", mettant davantage l’accent sur les textes d’Erwan Seguillon, dit Rwan, chanteur et auteur de la formation. S’ajoutent au duo infernal Pepouseman à la contrebasse, Alexis Bossard (oui, le frère de l’autre) à la batterie et Cubain, illustre percussionniste de La Havane qui accompagnera le groupe pour ce tout premier périple dans la Belle Province. "Et il se transforme aussi en dieu sur scène", rigole Fixi, faisant allusion à l’invité-vedette de la pièce Et Dieu créa la flemme. "Vous allez voir, il y aura plein de personnages avec nous: la Boulangère (Ce s’ra tout?) sera là, et aussi Jacques Valard, qui est un grand présentateur de télévision des années 60… Toute une équipe!"
En plus des luxuriants paysages funk, jazz ou même de transe africaine que propose le délirant parcours de Safari Croisière, il est aussi possible d’y humer un franc parfum brésilien. "J’ai fait pas mal de voyages là-bas, à Rio principalement, parce que j’ai de bons amis dans cette ville, explique Fixi. J’y ai connu plein de très bons musiciens et j’avais envie de faire entrer un peu de Brésil dans l’univers de Java. Alors on est tous partis là-bas et on est restés un mois dans une maison à Rio; on y a fait venir plein de musiciens de samba, des chanteuses, des guitaristes, des percussionnistes traditionnels, et on a fait une sorte de patchwork avec ce qu’on avait déjà enregistré en France… C’était marrant!"
La rigolade, voilà un autre volet 100 % garanti dans le forfait-voyage de Java. Mais si l’humour occupe une place de choix parmi ces petits films musicaux, nombre de préoccupations plus sérieuses viennent aussi se greffer aux scénarios. "On peut ainsi faire passer des choses plus difficiles sans trop de lourdeur, expose Fixi. L’humour permet de se relâcher, de rigoler un bon moment sur quelque chose qui peut être pesant, comme parfois la religion, pour certains, ou bien la morosité ambiante", poursuit-il, ajoutant que la langue française, riche en subtilités, n’est toutefois pas la plus facile à rythmer ou à faire sonner. "C’est tout un boulot! C’est très, très dur! C’est pour ça qu’on met beaucoup de temps à faire un morceau, pour trouver la bonne intonation, la manière de faire passer exactement l’idée, la forme et le rendu musical. Chaque fois, c’est un équilibre assez fragile…"
Le 7 novembre à 20 h
Au Théâtre Petit Champlain