Karin Clercq : Clair de femme

Soit, elle était actrice au théâtre avant de devenir chanteuse. Mais la Belge Karin Clercq n’a tout de même pas suivi ce chemin si propre aux comédiennes qui veulent faire déborder leur talent hors des frontières dans lesquelles elles se sont fait connaître. Parce que cette rencontre entre Clercq et le monde de la musique est avant tout un accident et que ça n’a "jamais été planifié". Il devient par contre étonnant de constater, tout au long de l’entrevue qu’elle donne depuis le studio où elle retravaille certaines pièces de son deuxième album Après l’amour, à quel point la conversation tourne constamment autour de cette dichotomie actrice-chanteuse.

Rappelons d’abord qu’à la fin des années 1990, la jeune femme, devant chanter dans un court métrage, rencontre l’ancien acolyte de Miossec Guillaume Jouan, qui, lui, était chargé d’en faire la musique. Ce premier contact portera fruit puisque les deux nouveaux collaborateurs décident de remettre ça, Karin écrivant de plus en plus de textes, qu’elle soumettra à Guillaume afin qu’il les mette en musique. D’où Femme X, premier album duquel ressortent clairement des histoires de femmes anonymes mais identifiables, où priment des ambiances feutrées et même parfois oppressantes.

À partir de là, la chanteuse commence lentement, et à son insu, à prendre le dessus sur la comédienne. "Au début, dans les entrevues, on parlait de moi comme d’une chanteuse, et comme je trouvais ça étrange, je répliquais que j’étais comédienne, pas chanteuse! Mais l’idée fait maintenant son chemin et je me sens aujourd’hui auteure-interprète."

Femme X, c’est surtout des histoires bien imagées évoquant tour à tour les désirs, les passions, mais aussi les chocs brutaux de certaines situations difficiles. Les chansons deviennent ainsi de petits films en elles-mêmes, avec leurs drames et leurs joies. "Ce que j’aime surtout, c’est raconter des histoires, comme ça peut être le cas au théâtre… Mais la chanson, c’est d’abord de la musique, qui touche directement les sens par son côté universel et très physique, et puis aussi par les textes. Grâce à l’écriture, j’ai pu m’offrir des rôles qu’on ne m’aurait jamais proposés. Les rôles étant assez définis au théâtre, puisque je suis grande et blonde, on m’aurait donné des rôles de jeune première au lieu de personnages plus torturés, comme celui de Cassandre, alors que c’est un peu ce que je fais sur le premier album avec la chanson Kassandre. Cela me permet une liberté totale…"

Si Karin Clercq et Guillaume Jouan avaient fait naître les chansons et les atmosphères de Femme X à partir d’échantillonnages et de sons divers, ils ont procédé de façon beaucoup plus traditionnelle pour Après l’amour, pour un résultat plus mélodique, du propre aveu de la chanteuse. L’album ne devrait voir le jour que dans les prochains mois, mais c’est quand même un peu cette formule qui sera reprise pour leur premier passage au Québec, alors que Clercq sera accompagnée des guitaristes Jouan et Luc Page.

Le 10 novembre à 20 h, avec Maryse Letarte
Au Théâtre Petit Champlain