Cowboy Junkies : Cow-boys désarmés
Les Cowboy Junkies n’entendent pas changer leur approche, bien que leurs deux derniers disques les éloignent de l’autocaricature.
Depuis le succès de leur deuxième album The Trinity Sessions en 1987, les Cowboy Junkies ont lentement approfondi leur conception discrète et claire-obscure de la musique, même si leur statut de vedettes internationales aurait pu ouvrir la porte à bien des compromis. Bien que leurs techniques se soient raffinées avec le temps, ces Canadiens donnent toujours l’impression de composer et d’interpréter spontanément, sans filet ni ambition superflue.
Né Alan Alizojvodic de parents serbe et croate, Alan Anton a fondé le groupe en compagnie de Michael Timmins, qu’il fréquentait depuis le jardin d’enfants. C’est ce qui rend beaucoup moins problématique le fait de travailler avec un groupe des plus familiaux, où figurent deux autres Timmins dont l’indispensable chanteuse Margo. À peine revenu d’une série de spectacles aux Pays-Bas, en Belgique et en Grande-Bretagne, Alan semble s’accommoder tout à fait d’une certaine routine: "Nous n’avons jamais eu un public énorme en Europe, juste assez pour y faire quelques mois de tournée de temps à autre. Les États-Unis ont toujours été notre terrain de prédilection, sauf pour ce qui est du Sud profond. Nous y allons, mais très peu de temps. C’est très bizarre là-bas, ils ont une culture musicale très différente, soit country, soit cajun, etc., mais ils ne sont pas très réceptifs à notre mélange personnel."
Un peu moins introspectif qu’Open, le plus récent disque (One Soul Now) marque un retour à une sorte de réclusion créative qui laisse maintenant présager le meilleur. "La grosse différence cette fois, commente Anton, c’est que nous avons travaillé dans notre propre studio. Ça nous a donné beaucoup plus de temps pour expérimenter, on a pu faire évoluer certaines chansons pendant des mois. En un certain sens, ça nous a ramenés à nos tout premiers pas, alors que nous enregistrions nous-mêmes, dans un garage. Il s’agit encore d’un garage aujourd’hui, mais il est beaucoup plus imposant! L’équipement haut de gamme est d’ailleurs beaucoup plus simple à utiliser qu’autrefois, ce qui facilite les choses."
"C’est difficile de situer cet album par rapport aux autres, poursuit-il. Pour nous, ce n’est qu’un album de plus, adapté à ce que nous sommes maintenant. Je ne pense pas que ce groupe ait vraiment besoin d’évoluer à outrance, nous avons un public et nous en sommes satisfaits. Les critiques qui se plaignaient de notre manque de transformation ont fini par abandonner cette idée, je crois."
Visiblement peu intéressé à porter le drapeau d’un renouveau folk dont les Cowboy Junkies furent un vecteur important, le bassiste ne souhaite guère réfléchir à un quelconque programme artistique: "Quand nous sommes apparus, des gens comme Steve Earle, Lyle Lovett et d’autres travaillaient aussi dans le sens d’un renouveau de la tradition musicale, et je crois que le plus gros du mouvement est passé maintenant. Peu de choses récentes me plaisent vraiment, mais je suis toujours excité lorsque Nick Cave ou PJ Harvey proposent quelque chose de nouveau. J’adore Leonard Cohen, mais il fait si peu de disques…" Si on se fie aux récents essais de ce dernier, il est peut-être préférable, en effet, de ne pas trop rechercher le changement.
Le 29 octobre
Au Club Soda
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