Daniel Lavoie : Les grands tournants
Mine de rien, Daniel Lavoie a présenté cet hiver son premier album studio en près de neuf ans.
Il faut dire qu’il était occupé tout ce temps par une foule d’autres projets captivants tels Notre-Dame-de-Paris et Le Petit Prince. Mais il s’en est fallu de peu pour que le silence persiste.
"Pendant plusieurs années, je n’avais certainement plus l’intention de faire d’albums…" confie Daniel Lavoie. Il y a bien eu quelques albums pour enfants, les trames sonores de comédies musicales et d’innombrables collaborations, mais c’est le premier disque de nouvelles chansons depuis Ici (1995) pour le natif de Dunrea, Manitoba.
Son emploi du temps était certes chargé, mais d’autres raisons peuvent aussi expliquer ce mutisme prolongé. "Je ne savais pas trop ce que je voulais faire. Je ne voulais pas juste faire un disque pour faire un disque et je ne savais plus quelle direction prendre. La musique, l’industrie du disque, est un peu en bouleversement depuis quelque temps et je ne savais pas trop comment m’y situer… Pendant des années, j’ai été un petit peu pris dans ce carcan qui est que, bon, la radio joue ce genre de choses en ce moment, il faut respecter les formats parce que sinon ça passera pas à la radio et que si ça passe pas à la radio, tu ne vends pas de disques, ce qui est une vérité… Mais ce que j’avais envie de faire comme musique ne correspondait pas vraiment à ça. Mon amour de la chanson française se situe maintenant à un autre niveau et j’avais envie de faire un disque à mon goût ou de ne pas en faire, tout simplement…"
La rencontre des mots de Brice Homs et Patrice Guirao viendra effacer toute trace d’hésitation et permettra ce nouveau départ. "On s’est trouvés en faisant des chansons, comme ça, pour d’autres, pour le simple plaisir de faire des chansons. Et moi, j’ai découvert des textes avec lesquels j’étais plutôt en symbiose, des mots que je me voyais très bien défendre et chanter…" La sagesse et la précision des textes de Homs et Guirao ont séduit l’artiste à un point tel qu’il a complètement accroché sa plume pour cet album. Tout était dit. "Il n’y a pas de mots qui sont là juste pour faire beau. C’est-à-dire que les mots sont beaux, mais qu’ils disent quelque chose; c’est pas de la bullshit. Même quand c’est très poétique, ça dit des choses vraies, qui correspondent à une réalité qui existe… Comédies humaines, ça rejoint un petit peu ma vision du monde, c’est-à-dire la place dérisoire, le peu d’importance qu’on a dans le tissu de l’univers et l’importance qu’on se donne souvent. Ça se voulait un regard un peu attendri sur nos bêtises et nos amours…"
Le 4 novembre
Au Vieux Clocher de Sherbrooke