Tango Flamenco : Double plaisir
Musique

Tango Flamenco : Double plaisir

La série Jazz à l’année se transporte à l’Outremont pour un alliage inédit entre musique et danse qui promet de faire sensation.

Quel rapport y a-t-il entre le tango et le flamenco? L’Espagne peut-être, sinon rien. Ou alors cette fougue et ce mystère, sans oublier la passion, et cette espèce de machisme superbe… "Ce sont deux danses qui viennent du peuple, ajoute Pascal Gaona au téléphone. Des danses et des musiques de caractère, très humaines, dans lesquelles prime l’interprétation des sentiments. On n’a donc pas compté sur l’avis des puristes. C’est une fantaisie, une création, qui laisse une large part à l’imagination."

Danseur et chorégraphe de 32 ans, Gaona est né à Saint-Jean-de-Luz, dans le Pays basque. Boursier du gouvernement français, c’est à Madrid, dans la compagnie de Rafael Aguilar, qu’il rencontre son alter ego, Antonio Najarro. De trois ans son cadet, celui-ci est devenu le brillantissime danseur étoile du Ballet Nacional de España. "Je suis viscéral et passionné, proclame volontiers l’intéressé. Gaona, qui est plus posé, s’occupe de l’ensemble." N’empêche qu’ils signent en collaboration toute une série de chorégraphies, dont celle qui a fait danser le fameux couple de patineurs Marina et Gwendal jusqu’à la médaille d’or de Salt Lake City en 2002…

Mais Pascal et Antonio nourrissaient d’autres ambitions artistiques, que la création de Talent Denza est venue concrétiser. La barre est haute dans Tango Flamenco, que ce soit du côté de la performance, des costumes ou de la musique. Dans ce concept, les danseurs occupent l’avant de la scène et sont légèrement majoritaires, 13 à la douzaine pour être plus précis. En tout, il y a 24 personnes sur scène. Avec Jarcamora, un quartette de flamenco qui crée du matériel original pour le spectacle et l’ensemble Nuevo Tango, qui comprend sept musiciens aguerris. Les deux groupes fusionnent pour la partie finale. On va de Ale, une chorégraphie sensuelle, un pas de deux des plus explicites, aux Quatre Saisons argentines d’Astor Piazzolla, une œuvre admirable, rarement jouée ici.

"C’est un flamenco très personnel que nous définissons comme élégant, exécuté avec une grande force technique", expliquent les directeurs artistiques du projet. "Antonio a un style assez particulier, basé sur la danse classique espagnole, mais avec des mouvements très contemporains. Ça peut avoir l’air beau et propre comme ça, mais c’est très rigoureux et compliqué et ça exige beaucoup de coordination, surtout avec les castagnettes."

Au cours d’un vol direct d’une heure et demie de l’Andalousie à Buenos Aires, les deux danseurs prennent un pari fou: atteindre le comble de la sensualité en mettant face à face ces deux disciplines jusqu’à les fusionner dans une seule musique, une même danse de séduction! Le genre de truc qui pourrait friser l’hérésie. Mais le tout semble agencé avec tant de puissance et de panache que cette première en sol nord-américain de Tango Flamenco s’annonce plutôt comme une révélation, une expérience que le visionnement d’extraits sur DVD aurait du mal à restituer.

Le 29 octobre
Au Théâtre Outremont
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