The Organ : Avoir la goth
Musique

The Organ : Avoir la goth

The Organ incarne en quelque sorte la réponse canadienne aux quatre New-Yorkais d’Interpol. Exclusivement féminin, le combo de Vancouver navigue dans les eaux troubles où Ian Curtis s’est jadis baigné. Entretien.

"Les couleurs fluo et Debbie Gibson me viennent en tête lorsqu’on me parle des années 80", lance d’entrée de jeu Katie Sketch, chanteuse de la formation The Organ.

Rien à voir donc avec les fringues gothiques, les cheveux éméchés de Robert Smith ou le doigté de Johnny Marr qu’évoque le premier album du combo de Vancouver, Grab That Gun.

Affirmatif, The Organ appartient à cette céleste et surtout abondante catégorie de groupes goth rock et new wave qui semble avoir vu le jour en 1984 pour ensuite subtiliser la machine à voyager dans le temps de Back to the Future afin de visiter l’humanité 20 ans plus tard. Si 2001 et 2002 furent les années fastes du rock garage, 2003 et 2004 dépoussièrent la noirceur et la détresse de l’ère Thatcher et Reagan. Écoutez l’extrait Brother du premier disque de The Organ, vous verrez que différencier cette œuvre musicale de celle des Cure s’avère toute une commande. "Toute ma jeunesse, j’ai entendu une pléiade de groupes aux sonorités des années 80 sans jamais vraiment accrocher, rétorque Katie. Ce n’est qu’au milieu des années 90, alors que je travaillais dans un studio d’enregistrement, que j’ai vraiment découvert l’univers planant des groupes new wave."

Le studio en question: The Warehouse, là même où Grab That Gun fut en partie capté. Son propriétaire? Bryan Adams. "Très gentil, le monsieur. Bryan m’a appris quelques bases du métier et m’a même donné ma première guitare." L’eau coule sous les ponts et en 2001, Katie forme avec quelques copines The Organ, qui se fait immédiatement repérer par des promoteurs de l’ouest du pays qui poussent le groupe en première partie des Von Bondies, Interpol, Hot Hot Heat et The Walkmen. La voix de Katie (version féminine de celle de Ian Curtis) caractérise le répertoire de la formation au même titre que les textes hautement dépressifs, ruminés dans la tête de la jeune femme de 27 ans. Certains critiques ont d’ailleurs qualifié le premier disque du quintette, qui succédait au EP Sinking Hearts, de trame sonore idéale pour prendre un flingue et s’exploser la cervelle. Une allusion facile au titre du compact. "Je ne crois pas que mes textes comportent une telle intensité. À tout le moins, mon but n’est pas que les gens se tirent une balle en écoutant notre album. Au contraire, notre musique peut aider les dépressifs à se sortir de la torpeur puisqu’ils verront qu’ils ne sont pas seuls à vivre des périodes chaotiques."

Chose certaine, avec notamment une apparition en couverture du magazine Exclaim!, les cinq filles de The Organ ont de quoi se réjouir de l’attention que leur procure Grab That Gun, paru conjointement sous étiquettes Mint et 604 Records. Le propriétaire de 604 Records? Chad Kroeger de Nickelback. "Ouais, disons que ça me fait quelques liens avec des noms populaires de la musique canadienne, mais dans le cas de Kroeger, je ne l’ai rencontré qu’une fois. J’espère tout de même qu’il écoute notre cd dans son bus de tournée." Voilà qui ne nuirait point aux présents rois du rock canadien.

Le 30 septembre
Au Petit Café Campus
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