Richard Desjardins : Sagesse sauvage – en rappel
Musique

Richard Desjardins : Sagesse sauvage – en rappel

Fort occupé, préoccupé même, Richard Desjardins trouve tout de même le temps de faire une tournée en rappel de son spectacle Kanasuta.

L’homme est occupé. Coiffé de son chapeau de chanteur en même temps que de celui de revendicateur – d’ailleurs, peut-on dissocier les deux? -, il passe d’un concert avec l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières à une chronique au jour le jour sur la forêt boréale dans le Journal de Montréal et le Journal de Québec. Entre tous ces engagements, il tourne en rappel avec Kanasuta. "On avait des trous ici et là, alors on a pu insérer les shows de Kanasuta dans ces trous. Et on va aussi en profiter pour rencontrer des gens, sur la question forestière", raconte le chanteur, au bout du fil en ce petit lundi matin. Son café fume sur la cuisinière. "Attends-moi un peu, mon café est prêt!" Ça nous donne le temps de philosopher un brin.

Au fond, rien de plus logique, quand on y pense à deux fois, dans le récent parcours de Richard Desjardins. Kanasuta, ce territoire mythique au cour de l’Abitibi, représente en quelque sorte ce qu’il défend farouchement: les derniers mètres carrés de forêt boréale encore non visités par l’industrie de la coupe à blanc. Sorti l’hiver passé, l’album du même nom est un peu le très heureux résultat de l’amalgame des deux coiffes de Desjardins: la musique et la forêt.

Ce dernier opus est en magasin depuis un bout de temps déjà et le film pamphlétaire L’Erreur boréale fête son cinquième anniversaire. On pourrait croire que l’un et l’autre commenceraient à sentir le dépassé. Par les temps qui courent, rares sont les ouvres qui durent plus longtemps que le temps d’une écoute ou deux. Pourtant, les deux ouvres demeurent, plus que jamais peut-être, aussi actuelles et puissantes qu’à leur sortie.

KANASUTA EN MUSIQUE

L’hiver dernier, l’album surprend. On connaissait le Desjardins d’Abbittibbi, avec le son riche d’un band rock. Puis on a aimé le Desjardins en solo. Une guitare, un piano et la force des images des textes de Tu m’aimes-tu et de Boom Boom. Arrive Kanasuta. Une poésie simple et foudroyante de lacs et de sous-bois, d’amour et de revendications, de quotidien, de petites misères et d’exotisme, une poésie à la Desjardins, quoi. Mais les mots sont portés par des mélodies jouées par un petit ensemble de musiciens; on dirait tantôt un groupe country ou une formation blues, tantôt un petit orchestre de musique de chambre. Il était rendu là, confirme-t-il. "Mais maintenant, il n’y a plus rien dans mes coffres!" C’est ça, oui.

Si l’album surprend, le show chavire. Soutenue par des musiciens-improvisateurs au talent inouï et à l’écoute sans faille: Normand Guilbeault à la contrebasse, Claude Fradette aux guitares, Didier Dumoutier à l’accordéon et Marie-Soleil Bélanger au violon, chaque chanson apporte son raz de marée de sentiments à fleur de peau qui cloue le spectateur sur sa chaise. Alors, on s’étonne, mais à peine, du si grand nombre de rappels. "Il aurait fallu rajouter au moins un jour de plus partout, mais on ne pouvait pas prévoir le si bon accueil, la si grande demande", mentionne Desjardins. Connaissant les musiciens et l’extraordinaire chimie qui règne sur scène, le show a bien dû évoluer au fil des spectacles?

"C’est à peu près le même spectacle, mais évidemment avec le temps il est plus raffiné. Il respire mieux, répond le chanteur, on a corrigé un certain nombre de choses, on a rajouté quelques tounes. Il a gagné en précision aussi", continue-t-il.

On le croit volontiers. Et on a soudain l’irrésistible envie de revoir le spectacle, quand il raconte comment il a développé cette orchestration unique. "Premièrement, je suis allé chercher des improvisateurs. Les quatre ont travaillé avec toutes sortes de styles et ils sont autant classiquement rigoureux qu’improvisateurs. C’est du monde généreux, alors on avait l’embarras du choix quand venait le temps de décider comment jouer la toune." "C’est sûr que je suis arrivé avec une base, mais c’est ensemble qu’on a réparti les masses sonores. Aussi, quand on fait les tests de son l’après-midi, on en profite toujours pour améliorer certaines affaires." Ceux qui ont vu le spectacle au début de la tournée ne s’ennuieront certainement pas en assistant au rappel. On parle un peu de ceci et de cela. Il se réjouit de sa tribune dans les journaux. Ça rejoint beaucoup de monde. Puis, on cogne à sa porte: "Michel! Passe par l’autre côté!" Bon, alors, merci et à bientôt!

Le 10 novembre à 20 h
À la Salle J.-A.-Thompson
Voir calendrier Chanson