Giorgio Conte : À bons contes
Giorgio Conte, via ses chansons, pose un regard doux-amer sur la nature humaine et ce, avec une grande truculence. L’habile conteur d’histoires adore renouer avec la réalité des Québécois.
L’histoire de Giorgio Conte commence par une passion pour le jazz. En compagnie de son frère Paolo au vibraphone, il fera partie d’une version italienne du Benny Goodman Quartet, lui-même tentant d’imiter le jeu de balais de son idole, le batteur Gene Krupa. La chanson prendra vite le dessus, mais le swing imprégnera sa musique de rythme et de bonne humeur. L’influence de Georges Brassens sur Conte semble déterminante: "J’y ai trouvé un équilibre parfait entre des mots inspirés et des refrains fantastiques. Il avait aussi la force de ne pas avoir besoin de musiciens. Sa voix représentait un univers parfait. Ses chansons exprimaient quelque chose de concret." Mais l’effet Brassens sera moins celui d’un modèle que celui d’un prisme, d’une couleur (filtrato). Et l’auteur, avant de se décider à monter sur scène, écrira pour les plus grandes interprètes féminines: Mina, Milva, Ornella Vanoni.
Le Piémontais d’origine, qui a une vue imprenable sur le mont Blanc, aime retrouver l’espace et les gens du Québec: "J’aime l’architecture, la chaleur des gens, leur curiosité, leur bonne humeur, les messages de votre origine française, autant le climat joyeux que le spectacle de la nature." Au fil des ans, Conte s’est lié d’amitié avec des artistes comme Martin Léon. En gastronome averti, il n’hésite pas à nous parler de son plat préféré, la Bagna Canda, une fondue bourguignonne avec de l’huile, de l’ail, des anchois et une sauce… pepperoni, chou-fleur, oignons, champignons et truffes.
Le dernier disque de Giorgio Conte, Il Contistorie ("celui qui raconte des histoires") s’apparente à un plat cuisiné. Le swing, la musette, le cha-cha-cha, le tango et des musiques rappelant les rythmes brésiliens et le reggae déploient une riche palette musicale. Les arabesques de la clarinette et la pulsation de la contrebasse soulignent bien les propos du chanteur. De petites fables qui portent sur la fascination du pouvoir, sur l’expérience amoureuse, sur la conscience du temps qui passe, sur la place des chansons dans la vie des gens. Jean Loup et la Belle Claire est "une espèce de cartoon où des personnages naïfs ont envie de vaincre, rêvent de gloire". A Innamorarsi parle des lendemains de la rupture amoureuse ou de l’indifférence de l’être aimé: "Avec la maturité, j’apprends qu’il vaut mieux souffrir que de ne pas aimer du tout." Cannelloni traite avec fraîcheur de la difficulté à conserver notre poids santé! Le protagoniste de Vielle Chanson rappelle Gainsbourg habité par Les Feuilles mortes: "Il y a toujours, dans les oreilles de celui qui a aimé, une chanson qui continue à battre."
Amené à dire si c’est l’homme de droit ou l’artiste qui a le plus de chances d’influencer la situation politique, Conte répond ceci: "Les choses vont changer doucement. Le travail de l’artiste a quelque chose de plus spirituel. Imagine, de John Lennon, peut avoir un immense pouvoir. De toute façon, ce n’est pas une question de catégorie, mais de bon sens, de mesure, d’éducation, de culture."
Le 9 novembre
Au Cabaret
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