Michael Jerome Browne : Cow-boy junkie
Musique

Michael Jerome Browne : Cow-boy junkie

Michael Jerome Browne, virtuose des musiques roots traditionnelles, lance un troisième album éclectique et intemporel. Entretien avec l’homme qui fredonne à l’oreille des chevaux.

Sur Out on the Western Plains, reprise d’une chanson de Lead Belly et l’une des pièces du dernier album du Montréalais Michael Jerome Browne, lancé ces jours-ci, on entend la complainte d’un cow-boy qui invite ses semblables à une galopade fébrile jusqu’au champ des buffles, le regard levé vers le Mexique, un peu saoulé aux liqueurs de maïs. "Non, non, je ne suis pas un cow-boy contemporain, rigole-t-il. Pour moi, c’est de la fantaisie tout ça. Je ne suis pas un gars rural… mais j’aime bien tout cet imaginaire de chevaux et de plaines."

La palette musicale de Michael Jerome Browne est vaste: ritournelles folk en hommage au coucou, morceaux inspirés des musiques appalaches et autres contredanses cajuns populaires en Louisiane du Sud, yodels, pièces plus sombres à la mémoire de toutes ces Américaines assassinées par leur mari, nées de la plume de sa B.A. Markus (sa femme, qu’il appelle Bee), country-blues, folklore américain, western-swing… "Je n’aime pas beaucoup mettre une étiquette sur ce que je fais, mais quand je n’ai pas le choix, je dis que c’est du roots traditionnel, un retour aux racines des musiques que l’on connaît aujourd’hui. Ça comprend toutes sortes d’affaires, blues, bluegrass, et même musiques du monde", précise Browne, né en Indiana, mais très tôt venu à Montréal, où il joua sa première gig payante. "J’avais 14 ans, c’était au Yellow Door Coffeehouse, rue Aylmer, dans le coin de l’Université McGill."

MAÎTRE ÈS CORDES

Connu pour ses tournées en compagnie du Stephen Barry Band, comme un prodige canadien des plus fines musiques roots, accompagné sur ce nouvel album – qui est son troisième – de quatre musiciens aussi virtuoses que lui dont Jordan Officer (du Suzie Arioli Swing Band), Michael Jerome Browne chérit les instruments à cordes et vous entretient avec un enthousiasme contagieux des débuts de la musique string américaine, du banjo africain et de son nouveau violon alto. "J’ai commencé très jeune par la guitare et l’harmonica. Mais j’ai rapidement été attiré par le banjo, puis un peu plus tard par le violon, d’ailleurs il y en a beaucoup sur l’album, c’est presque un album de violons. Les musiques cajuns et appalaches me fascinaient et il fallait passer par cet instrument pour apprendre à les jouer. Issue de la combinaison du violon et du banjo, la musique string n’est pas un style mais plusieurs styles; ce que ça dit, simplement, c’est que c’est un orchestre à cordes."

Destinée à un public marginal mais grandissant, bien reçue dans les festival européens, populaire en Alberta chez les amateurs de nouveau country, la musique délicieusement anachronique de Browne se défriche un territoire sur la scène montréalaise: "C’est pas évident d’arriver avec de la musique roots traditionnelle à Montréal! Ce ne sera jamais mainstream, c’est destiné à un public intéressé." Et le plus beau compliment que vous puissiez faire au multi-instrumentiste éclectique, c’est de confondre l’une de ses pièces avec un morceau traditionnel: "J’aime ça quand les gens ont l’impression que c’est très vieux et ancien, comme si mes chansons avaient déjà passé l’épreuve du temps…"

Lancement-concert le 6 novembre avecThe Twin Rivers String Band
À la Sala Rossa
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