Opéra de Montréal : Pleurer de rire
Musique

Opéra de Montréal : Pleurer de rire

L’Opéra de Montréal présente pour la première fois Ariane à Naxos, de Richard Strauss, dans un habillage tout neuf du metteur en scène allemand Chris Alexander.

Bernard Labadie promettait, en prenant la direction artistique de l’Opéra de Montréal, d’offrir plus souvent des œuvres jamais montées à la compagnie et de nouvelles mises en scène, plus en phase avec l’originalité que l’on est en droit d’attendre d’une grande maison d’opéra. En voici un bel exemple : une première à la compagnie, Ariane à Naxos (1916) nous arrive dans un tout nouvel emballage, signé Chris Alexander, que le Seattle Opera a d’abord présenté la saison dernière.

Le metteur en scène collabore pour la première fois avec l’Opéra de Montréal. Il est entré dans le monde de l’opéra en 1990, après plus d’une soixantaine de mises en scène au théâtre, en Allemagne et en Suisse. "Mon père et ma mère chantaient l’opéra, explique-t-il. Pour ma part, j’ai d’abord étudié pour être acteur, puis j’ai beaucoup joué, fait des mises en scène ou traduit des pièces pour la Bremer Shakespeare Company, que j’ai fondée. À la maison, évidemment, nous écoutions beaucoup d’opéra, aussi mon passage à l’opéra est-il un peu un "retour à la maison"."

L’argument d’Ariane à Naxos, développé par Hugo von Hofmannsthal dans une troisième collaboration avec Richard Strauss, peut se rapprocher par certains côtés du théâtre de Shakespeare. "En effet, acquiesce Alexander, par le choc entre la comédie et la tragédie, ce mingle-mangle dans lequel il est passé maître, et c’est quelque chose que je connais bien et qui m’attire dans Ariane." L’opéra nous met en présence d’un compositeur qui doit créer une comédie et une tragédie à la demande d’un mécène, mais ce dernier choisit, pour une question de temps et au grand désespoir du compositeur, de faire jouer les deux… simultanément! Ainsi, les saltimbanques et les divas se mêlent dans une histoire qui devient une réflexion sur le pouvoir qu’exerce l’argent sur l’Art. "La langue d’Hofmannsthal est très sophistiquée, poursuit le metteur en scène, et peut être assez exigeante pour le public; en ce sens les surtitres seront très importants, particulièrement durant le prologue où l’on voit à quel point les artistes doivent faire preuve d’une grande ingéniosité pour essayer de tirer leur épingle du jeu tout en se pliant aux demandes de ceux qui les financent. Ça n’a pas beaucoup changé depuis, particulièrement aux États-Unis où, contrairement à l’Allemagne, l’art n’est guère subventionné."

L’action a été transposée de nos jours, dans une galerie d’art où se rencontre le gratin un soir de vernissage. "On voit bien que les artistes arrivent à se débrouiller avec ce qu’ils ont sous la main, dans la galerie, selon les contraintes auxquelles ils font face. C’est ainsi qu’ils y trouvent une sculpture de Richard Serra et décident de l’utiliser comme décor pour l’opéra." Parmi les rôles importants, celui d’Ariane sera interprété par la soprano Marina Shaguch, celui de Zerbinette par Aline Kutan et celui du pauvre compositeur par la mezzo-soprano Danièle Leblanc. Avec l’OSM, sous la direction de Jacques Lacombe.

Les 6, 8, 11, 13 et 17 novembre
À la Salle Wilfrid-Pelletier
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