Thierry Romanens : Le bon Dieu dans les détails
Musique

Thierry Romanens : Le bon Dieu dans les détails

Thierry Romanens: l’humour a mené l’artiste à la chanson, et derrière la verve du personnage se cache un être tendre et fragile.

Le chanteur suisse Thierry Romanens est un habitué du Québec. Il a participé à la Fête à Michel Buhler, à l’hommage à Gilles Vigneault. En février, la Bourse Rideau l’a fait connaître chez nous et il s’apprête à parcourir le Canada, de l’Est du Québec jusqu’aux petits bastions de la culture française dans l’Ouest canadien, à Gravelbourg et à Vancouver: "Ma venue au Québec s’imposait, pour moi, comme une évidence. La générosité d’accueil, la spontanéité. C’est comme un…"cul bordé de nouilles"! Le théâtre et l’humour lui ont procuré l’expérience de la scène. La chanson finit par prendre le dessus: "Je ne voulais pas être condamné à être drôle. C’était devenu pesant. La chanson permet d’exprimer une palette d’émotions plus vaste."

Thierry Romanens vient de faire paraître un nouveau CD, Les Saisons du paradis. Josiane Balasko disait "le Père Noël est une ordure", Romanens, lui, dit du bonheur qu’il est un "salaud". La vie n’est pas si facile, elle est bourrée d’illusions. L’Homme est bête, une certaine raideur l’habite: "On nous vend le bonheur. On est dans une quête spirituelle. On ne le trouve pas en le cherchant, mais en prêtant attention aux petites choses." Dans La Jolie Fille, Romanens semble préoccupé par l’image de la femme qui est aujourd’hui véhiculée dans la mode, dans la publicité: "Je suis parti d’un fait précis: Carla Bruni en couverture du Paris Match. En même temps qu’on découvrait d’elle des chansons attachantes, on nous la présentait comme une femme sexy. Cela participe du système, faut lutter pour ne pas enfermer la femme dans un rôle." Dans Les Cinq Vérités de mon puzzle et dans J’ai les clés, le chanteur aborde les relations de couple. La difficulté de chacun de révéler ses histoires: "Il faut, en connaissance de cause, accepter les défauts de l’autre. Ce n’est pas facile. Cela va avec l’image de la femme idéalisée." Est-ce que l’amour peut aider à prolonger la vie de couple? Pourquoi ne l’aide-t-il pas plus? Souvent, les femmes sont attirées par les hommes qui savent les faire rire: "Il y a une ambiguïté avec l’humour. Si l’on a une image de pitre, on a peine à être apprécié. En famille, avec les enfants, il faut assumer." Enfin, Romanens aborde aussi des sujets plus graves par le biais de l’humour. Petite rouquine (texte de Pascal Rinaldi) et Derniers mots révèlent un être doux, tendre, fragile: "Ce sont les autres qui nous révèlent. Y a un besoin d’une intelligence du cœur. Derniers mots, c’est une chanson pour ma femme. La mort et l’amour font des humains des êtres profondément égaux. Dans les deux cas, il s’agit de choses devant lesquelles nous sommes impuissants, que nous ne maîtrisons pas."

Thierry Romanens partage des affinités avec d’autres chanteurs suisses comme Valérie Lou ou Sarcloret: "Maintenant, le texte reprend sa place. C’est une influence du rap." Avec Patricia Bosshar (violon, alto) et Wally Veronesi (guitares), il forme un groupe qui travaille à trouver les meilleures textures sonores pour appuyer le texte. En 1975, le cinéaste suisse Alain Tanner réalisait Jonas qui aura 25 ans en l’an 2000. Qu’est devenu cet enfant? Avec la montée de l’extrême droite, Romanens pense qu’il "patauge dans la mare aux canards". À la radio, l’humoriste a souvent reçu des hommes politiques. Comment voit-il ceux d’aujourd’hui? "J’ai beaucoup de respect pour l’engagement. En même temps, le pouvoir me fait peur. Ce n’est pas pour rien que je fais de la scène. J’ai le privilège d’exprimer une vision humaniste."

Le 9 novembre

Au Lion d’Or

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