Psychic TV : Dépravations génétiques
Musique

Psychic TV : Dépravations génétiques

Genesis P-Orridge revient à son amour pour le rock psychédélique après avoir été, depuis les années 1970, grand pourvoyeur de désordre culturel avec Throbbing Gristle, puis Psychic TV.

Au début des années 80, en Angleterre, l’anti-groupe Throbbing Gristle éclate en deux. Émerge alors Chris and Cosey, pendant que Genesis P-Orridge et Peter Christopherson lancent le collectif Psychic TV. Si Christopherson se retire assez vite dans le mythique Coil, P-Orridge mènera Psychic TV vers des aventures allant du collage sonore à la pop décadente, avant de contribuer à l’émergence de la scène rave.

Influencé par les gourous contre-culturels, P-Orridge utilise le spectacle pour créer de nouveaux rituels et pervertir une communication sociale aliénée. À renfort d’hallucinogènes, de lumières, de sons, de mots, il veut entraîner le plus grand nombre, mais doit s’exiler aux États-Unis après quelques ennuis avec les autorités britanniques.

Aujourd’hui muni d’implants mammaires imitant ceux de sa partenaire, l’individu conteste encore les présupposés, si bien qu’on hésite à demander monsieur, ou madame, lorsqu’on téléphone pour entrevue. "Ayant été pandrogyne depuis un an, il m’est plus facile d’être appelé elle que lui, car la plupart me voient ainsi maintenant. Parfois, des vieux s’arrêtent et m’invitent à leur faire une pipe dans leur voiture; j’expérimente donc les bons et les mauvais côtés de la féminité. Mon projet avec Lady Jay vise à développer une identité au-delà de nos conceptions binaires, où technologie et perfection dominent."

Sirotant son premier café près d’un gros aquarium, le New-yorkais d’adoption considère la race humaine comme encore préhistorique, alors que le discours rationnel sert toujours des instincts primitifs et guerriers. "Pour ceux qui vivent aux USA, il est devenu évident que les libertés individuelles sont contrôlées par la peur. Quand tu as peur, tu utilises la peur et l’intimidation pour te défendre, et c’est ainsi que notre société fonctionne. Rechercher des modes de vie alternatifs est nécessaire pour sauvegarder l’autre et la différence, c’est pourquoi je recherche la similarité et l’union avec ma compagne."

Après une période consacrée à la performance, P-Orridge s’est vu relancer par des amis musiciens, d’où la tournée mondiale qui s’amorce. "Ces musiciens me permettent de passer d’un univers musical à un autre par un simple claquement de doigts. Malgré l’importance donnée aux éclairages et à la vidéo en direct, c’est un retour vers un rock "hyperdélique" et primitif, à l’encontre de la fausse perfection de notre époque, où la valeur de production est plus importante que le contenu. Il faut chanter juste, briller par la technique; pourtant, l’industrie musicale ne produit que des trucs très moyens, dénués de désir et de sexualité réelle."

Voilà qui explique la parution du documentaire sonore Godstar, sorte de critique du détournement de la marginalité qui rassemble des pièces produites par PTV dans les années 1980, autour du Rolling Stones maudit, Brian Jones. "Ma rencontre avec Jones lorsque j’avais quinze ans fut marquante. Il était si androgyne… En un sens, toute ma vie fut un effort pour devenir une combinaison de Brian Jones et de William Burroughs. Parfois, j’ai même l’impression que c’est un peu arrivé!"

Le 17 novembre
Au Café Campus
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