Denys Bouliane : Tout un triple
Musique

Denys Bouliane : Tout un triple

Le compositeur hyperactif Denys Bouliane verra cette semaine son triple concerto Tetrapharmakos donné en création par l’OSM, augmenté de solistes de premier plan. Incontournable.

Denys Bouliane est professeur associé à la Faculté de musique de l’Université McGill, dont il dirige l’Ensemble de musique contemporaine, et codirecteur artistique, avec Walter Boudreau, du festival Montréal/Nouvelles Musiques, dont la deuxième édition est actuellement en préparation. Durant l’année qui se termine, il a été compositeur en résidence au stART-Festivals de Salzbourg, puis compositeur, professeur et chef en résidence au Programme des jeunes compositeurs de l’Orchestre du Centre national des Arts d’Ottawa. Début 2005, il dirigera l’ensemble français Court-Circuit lors du festival Présences de Radio-France et sa nouvelle œuvre La neige est blanche mais l’eau est noire sera créée par l’Esprit Orchestra à Toronto.

C’est cependant une autre création qui occupe son esprit ces jours-ci: Tetrapharmakos, triple concerto pour violon, violoncelle et piano, sera créé par l’Orchestre symphonique de Montréal, sous la direction de Jacques Lacombe et avec un trio de rêve regroupant Chantal Juillet, Antonio Lysy et Louis Lortie, tous trois dédicataires de l’œuvre. Le titre Tetrapharmakos, qui signifie "quatre remèdes", est emprunté au philosophe Épicure, et a été inspiré au compositeur par l’actualité mondiale: "On est en pleine guerre de religion, explique Denys Bouliane. Je pense comme Michel Onfray, à qui l’œuvre est aussi dédiée, que les religions monothéistes, qui favorisent les idées pures au détriment du corps, ou le futur plutôt que le présent, nous conduisent inévitablement à accorder peu de valeur à la vie humaine. Que ce soit l’islamisme ou les religions judéo-chrétiennes, je pense que toute religion qui reporte la responsabilité dans l’au-delà mène directement au conflit… Le fanatisme, qu’il soit moyen-oriental ou américain, est sans issue. On se sent bien impuissant devant ça, évidemment, mais j’ai voulu chercher un antidote."

C’est donc chez Épicure que Denys Bouliane a trouvé, non pas un antidote, mais quatre! "Le concept du quadruple remède est le plus connu dans l’enseignement d’Épicure et c’est lui qui a guidé la composition de l’œuvre, qui est en quatre mouvements." C’est à l’époque de Charles Dutoit, il y a un peu plus de deux ans, que le compositeur a reçu la commande de l’OSM: "Au début, j’avais proposé un double concerto, pour violon et violoncelle, puis, il y a un peu plus d’un an, l’OSM m’est revenu avec la proposition d’inclure Louis Lortie! Évidemment, le triple concerto a une histoire "chargée"… Très peu de compositeurs s’y sont frottés après Beethoven. Le concept emprunté à Épicure a été très utile dans la construction formelle de l’œuvre, pour la façon d’utiliser les trois solistes, qui auront bien sûr de mini-cadences, mais seront surtout intégrés de façon homogène à l’orchestre."

Le programme de l’OSM comprendra aussi La Petite Renarde rusée, de Janacek, les Variations sur un thème de Paganini de Rachmaninov et L’Oiseau de feu, de Stravinski. Il sera diffusé en direct le 24 novembre à Espace musique dans le cadre de l’événement Montréal, Cité de la musique.

Les 23 et 24 novembre à 20 h
À la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts
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