Les Trois Accords : 1, 2, 3, gros!
Les Trois Accords sont devenus en moins d’un an l’une des formations les plus en vue au Québec. Un feu de paille? Un nouveau boys band mercantile? Explications.
Sensation de l’été, Les Trois Accords n’ont pas de gérant. Le jeune groupe de Drummondville compte évidemment sur une étiquette de disques responsable de la distribution et de la promotion du Gros Mammouth Album Turbo, mais sinon, les décisions relèvent d’une démocratie établie entre Simon Proulx, Olivier Benoit, Charles Dubreuil, Pierre-Luc Boisvert et Alexandre Parr. Avec plus de 50 000 disques vendus en moins d’un an, le quintette a déjà dû faire des choix relatifs à son avenir. Certains médias résumaient le groupe à une grosse farce? Voilà que la "joke" décortique sa stratégie.
COCHEZ OUI, COCHEZ NON
De leur propre aveu, les musiciens des Trois Accords ont joué cette année dans une ligue dont ils ignoraient les rouages il y a à peine un an. Grâce au succès d’Hawaiienne, radios, journaux et télés se sont rués du jour au lendemain sur le combo comme un éléphant sur une usine de cacahuètes. Il a fallu faire des choix, et des valeurs les ont guidés. "Cette année, nous nous sommes fait un devoir de dire non à tous ceux qui voulaient d’Hawaiienne, mais qui ne voulaient pas des Trois Accords", lance le chanteur/guitariste Simon. À ce jeu, l’émission de télévision La Fureur demeure un bon exemple. "On nous proposait un véritable party hawaiien avec des palmiers et des noix de coco, explique le chanteur/guitariste Olivier. Nous avons rapidement senti qu’on nous voulait simplement pour notre tube. L’émission ne voulait pas d’un jeune groupe de la relève, mais d’une saveur du mois que nous incarnions."
La suite des choses confirma les présomptions du groupe lorsque La Fureur refusa la contre-offre des Trois Accords. "Comme nous ne désirions pas présenter Hawaiienne, nous leur avons proposé de jouer Turbo sympathique et d’inviter un autre groupe de la relève avec nous. Les dirigeants de l’émission ont refusé."
"Nous voulons contrer cet opportunisme de l’industrie, poursuit Charles. Vous nous invitez parce que nous sommes populaires, O.K., mais vous allez au moins respecter nos idées et nos valeurs. Si vous boudez notre contre-offre, ben vous venez de refuser l’authenticité des Trois Accords. C’est dommage, plusieurs émissions invitent une chanson et non un groupe." Décidément pourvue de couilles, cette attitude de la formation ferait d’ailleurs jaser dans le milieu des salariés responsables du contenu des émissions de variétés. "Une recherchiste me disait que des paris se faisaient entre eux. On gage à savoir qui réussira à attirer le groupe!" Aussi sur la liste des refus: les entrevues qui ne portent pas sur la musique et les émissions "culturelles » estivales.
Il faut avouer que le succès d’Hawaiienne a mis le gros bout du bâton entre les mains des musiciens. Facile de dire non quand on vend 50 000 albums. "Le but était aussi de ne pas écœurer le monde, rétorque Simon. Notre musique joue à la planche sur les ondes des radios commerciales, est-ce qu’on a vraiment besoin d’être en plus sur toutes les chaînes de télévision? Donc, oui, si nous n’avions vendu que 5000 albums, pour faire connaître notre style, nous aurions peut-être accepté des offres que nous avons repoussées. Mais de toute façon, ces propositions ne seraient jamais venues sur la table si nous avions vendu 5000 copies."
L’AVENIR
Quelle sera la longévité du combo? Et de quoi sera constituée la suite du Gros Mammouth Album Turbo? "En fait, ça nous étonne d’entendre les gens s’inquiéter de notre avenir", clarifie Simon. "Si, au lieu d’être autoproduits, nous étions avec Audiogram, est-ce que la situation serait la même?" s’interroge à son tour Olivier. "Ce n’est pas la première fois qu’on fait face au dénigrement, poursuit Charles. Avant qu’Indica réédite l’album, nous l’avions envoyé aux directeurs musicaux des radios commerciales, et tous ont répondu que nos compositions ne joueraient jamais sur leurs ondes. On connaît la suite. Nous avons confiance en notre potentiel et notre deuxième album restera à notre image. Nous ne voulons pas refaire de pièces à la Hawaiienne ou Saskatchewan, mais nous reviendrons avec des compositions qui, après une écoute, vous restent en tête."
Le 25 novembre
Au Métropolis