Malcolm Goldstein : Bienvenue chez vous!
Deux rares occasions de voir le grand violoniste et improvisateur Malcolm Goldstein en concert s’offrent à nous cette semaine, à la Sala Rossa.
Actif au sein de l’avant-garde musicale depuis les années 60, Malcolm Goldstein a eu, au fil des ans, des collaborateurs aussi prestigieux qu’Ornette Coleman ou John Cage. Américain d’origine et Montréalais d’adoption, Goldstein est fréquemment appelé à se produire aux États-Unis, en Europe et jusqu’au Japon, mais on ne lui a pas souvent offert l’occasion d’interpréter sa musique chez nous. Rencontré chez lui entre deux voyages, il expliquait récemment: "J’ai souvent collaboré avec d’autres musiciens, mais c’est la première fois que je présente ma musique depuis que Patrick Darby m’a invité en 1990! Je voyage très fréquemment, et lorsque j’ai eu envie de me fixer quelque part, je me suis souvenu de cette expérience à Montréal; c’est ici que j’ai choisi de m’établir."
Lors de ces deux prochains concerts, il interprétera quelques pièces en solo (différentes chaque soir) et une œuvre qui tient en quelque sorte du théâtre musical, Résonances de Babel, pour laquelle il sera entouré de Jean Derome (saxophone), Frank Lozano (clarinette basse), Jean René (alto) et Rainer Weins (guitare électrique). "Je l’ai composée à la demande d’un réalisateur de radio à Francfort. Il voulait un programme sur mesure pour un petit théâtre; j’ai découvert que ce théâtre avait auparavant été une synagogue et que les nazis l’avaient transformée en boucherie durant la guerre. Puis j’ai pensé au monde dans lequel nous vivons et à la tour de Babel… La pièce a donc été créée en allemand, puis en anglais car je l’ai jouée plusieurs fois aux États-Unis, et aujourd’hui en version bilingue, français et anglais. Avec ces différentes versions, j’ai pu constater à quel point les dictionnaires reflètent l’état de la culture d’où ils viennent; par exemple, un dictionnaire américain expliquait le sens du mot "existence" par "état de guerre"… La pièce est très structurée, mais les interprètes ont la possibilité d’improviser et, bien sûr, le sens des mots influence largement leur façon de jouer."
La partition de l’œuvre est en fait un texte explicatif et je fais remarquer à Malcolm Goldstein que cela fait penser à certaines partitions de John Cage: "C’est vrai, acquiesce-t-il, et bien sûr je respecte beaucoup son travail, mais la grande différence entre nous, c’est que Cage était contre l’improvisation! Moi je pense qu’elle permet aux musiciens et à l’auditoire d’être au même niveau d’attention face à la musique, d’être tous aussi présents face à la création." Et, souhaitons-le, présents en grand nombre.
Les 25 et 26 novembre
À la Sala Rossa