Michel Rivard : Entre quatre saisons
Michel Rivard passe un automne du tonnerre. Concert mémorable, grands honneurs à l’Adisq et lancement d’un album quadruple relatant 30 belles années de métier.
Tout a commencé à la mi-octobre, dans un vieux théâtre de Boston, nommé l’Orpheum. "Déjà, il y avait des fantômes dans la place", illustre Michel Rivard pour décrire l’ambiance avant l’entrée en scène de Brian Wilson, venu présenter les pièces de Smile, tout juste lancé après 37 ans d’insoutenable attente et d’incertitude totale quant au sort final réservé à ce chef-d’œuvre latent. Puis vient l’enfilade d’épithètes pour qualifier la prestation du mirifique Beach Boy et de ses musiciens: "hallucinant, écœurant, absolument magique, incroyable," etc. "Le son dans la salle était aussi beau que sur le disque!", s’exclame l’auteur-compositeur-interprète né à Montréal dans une famille normale, et s’en frottant encore les oreilles. "On voyait venir les parties des chansons en se demandant comment ils allaient faire ça et chaque fois, c’était fabuleux. C’est vraiment un des plus beaux shows que j’aie vu de ma vie! Ç’a fait partie de mon automne; je vais me souvenir longtemps de l’automne 2004 pour bien des raisons, dont ce concert-là."
TÊTE "HOMMAGÉE"
Un autre bonne raison est évidemment ce vibrant hommage qu’on lui réservait au dernier gala de l’Adisq afin de souligner ses 30 ans de carrière, amorcée en 1974 avec la parution du 1er album de Beau Dommage. "Je suis passé par toutes sortes d’étapes", confie le principal intéressé à propos de cette consécration pour le moins précoce. "La première, c’était 2 mois avant le gala, quand on m’a appris qu’on me rendait hommage et que j’ai dit non, je suis trop jeune, j’ai pas fini, attendez que j’aie fait 2 ou 3 autres albums… Puis on m’a dit: "R’garde, là; énerve-toi pas. On te donne pas une montre en or pour services rendus à la compagnie, on fait juste te dire qu’on est contents de ce que t’as fait jusqu’à maintenant." Et comme ça faisait 30 ans, bien, je me suis laissé tordre le bras. Puis je trouvais aussi que c’était un peu prétentieux de dire: "Non, je veux pas tout de suite…" Quand on reçoit un beau cadeau comme ça, humblement on l’accepte", poursuit l’artiste de 53 ans. "Et la deuxième étape, bien, c’est quand j’ai vu Mes Aïeux, Michel Faubert, Ariane Moffatt, Marc Déry, Marie-Michèle (Desrosiers), Patrick Normand, Isabelle Boulay et Martin Léon arriver sur scène au gala; là, j’étais aux oiseaux! Quel beau choix, et en toute simplicité. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre : j’avais peur qu’il y ait des escaliers avec des danseuses, ou que quelqu’un descende du plafond", s’esclaffe-t-il. "Mais ça m’est vraiment rentré dedans. J’étais très ému de voir tout ce monde-là, et de chanson en chanson, la patate me gonflait. J’étais fier de les avoir écrites, puis en même temps, j’avais même pas l’impression qu’elles étaient de moi, comme s’ils faisaient juste me chanter des belles tounes! Ç’a été une grosse décharge d’émotion."
LES QUADRUPLÉS
En fait, cette grande fête n’aurait pu se produire à un meilleur moment, puisque suivait de près la sortie de Bonsoir… Mon nom est toujours Michel Rivard et voici mon album quadruple!, copieux coffret survolant ces trois décennies de chansons, enregistré lors de la vaste tournée intimiste qu’il a trimbalé de l’été 2002 au printemps 2003. "L’album, en fait, il est en retard; il aurait dû sortir l’an passé. Et c’est à cause de moi, d’une certaine façon, parce que je retardais tout le temps le moment de réécouter les 16 concerts" desquels sont tirées les 57 pièces de ces quadruplés, totalisant plus de 5 heures de chansons et de rigolotes interventions au micro, regroupées à la fin de chaque disque. "Dès le 1er soir, je savais que ça allait être une tournée extraordinaire parce que Francis (Covan; violon, accordéon, mandoline, guitare, flûte et voix) peut suivre n’importe quoi, dans n’importe quelle tonalité. Il connaît beaucoup mes chansons et j’ai vite compris que je pouvais jouer tout ce que je voulais", relate-t-il, ajoutant que la banque de morceaux n’a jamais cessé de croître. "Alors, la tournée, qui au départ ne devait être qu’un petit divertissement d’été, a pris des allures d’ "anthologie", sans même que je m’en aperçoive."
Une fois remis de toutes ces émotions fortes, Rivard délaissera un brin le passé pour se retourner vers l’avenir et reprendre le travail entamé cet été sur son prochain album studio, le successeur de Maudit Bonheur, paru en 1998. "Il y a quelque chose dans l’air qui fait que je suis en train de reprendre confiance au niveau de l’écriture. C’est en train de se cimenter tranquillement, et il y a une ligne directrice qui est en train d’apparaître. Mais c’est bien difficile de la définir pour l’instant…"
Michel Rivard
Bonsoir… Mon nom est toujours Michel Rivard et voici mon album quadruple!
(Audiogram)