Pixies : L’homme en Black
Les Pixies, armés d’une plume rebelle et redoutable, ont changé la face du monde musical durant les années 80.
Mais durant une décennie, leur influence a continué de se faire sentir sur la scène underground indie rock, et on pourrait affirmer que les Pixies, grâce à une influence et une popularité qui n’ont cessé de croître, sont aussi présents aujourd’hui qu’ils le furent à leur apogée.
Cependant, on ne peut s’empêcher de se demander si un groupe qui occupe une place prépondérante dans l’évolution de la musique alternative peut tout simplement repartir de là où il a laissé.
"On devrait repartir de là où on s’est quittés, et non pas reprendre le même chemin", affirme le leader du groupe Frank Black, joint au téléphone à Chicago. "Il fallait surtout réactiver les automatismes, se réchauffer les muscles… Ça se fait tout naturellement. J’étais prêt à partir en tournée après environ trois jours de répétition. Quant aux autres, ils étaient un peu plus circonspects."
Quand je lui demande de me décrire un peu l’atmosphère de la tournée et de me parler des membres de sa formation, Black répond très sérieusement: "De vrais trous du cul." En d’autres mots…. "On s’entend bien, dit-il. Bon, j’ai un peu tendance à donner des ordres, mais tout le monde est au courant de mon attitude. De toute façon, je dois sûrement le faire moins qu’avant."
Black affiche un mépris proverbial pour les interviews qui se manifeste par des réponses abruptes. Il nous avait déclaré, lors d’une interview réalisée en 1996: "Dans la presse, je fais souvent figure de bougon. On me décrit à la lumière d’un éclairage qui n’est pas toujours juste. Je ne peux rien contre cela, sauf, peut-être, arrêter d’accorder des interviews, mais alors je serais baisé. Si j’arrêtais de les faire, je perdrais 20 % de mes ventes, alors je me résigne."
Après avoir longtemps nié toute possibilité de réunion des Pixies, Black a fléchi: "Pourquoi?… Vous savez, je ne sais pas trop. C’est arrivé tout seul, en quelque sorte. Est-ce que c’était calculé? Non. Ça s’est fait de façon inconsciente."
D’AUTRES CHATS À FOUETTER
Ce n’est pas précisément un nouvel album des Pixies, mais Black vient de sortir un double CD, Frank Black Francis, dont l’un comprend quelques-uns des premiers démos des Pixies, et l’autre, une réécriture radicale de 13 classiques des Pixies. Le résultat est une remarquable fusion électro-jazz d’incontournables tels que Where Is My Mind et Caribou au grand complet avec trompettes et violons. Le leader des Pixies n’en a pas éprouvé un plaisir indiscutable. "Je me suis bien marré avec ces types – les deux Pale Boys – mais c’était un été plutôt pénible sur le plan personnel. Et à vrai dire, tout ce que j’ai fait, c’est lâcher quelques couplets dans le micro."
À propos de Montréal, théâtre de plusieurs prestations mémorables, Black évoque un souvenir très particulier: "J’ai fait un très mauvais trip sur des champignons hallucinogènes. On jouait dans un club qui s’appelait les Fou Fou, les Fou…" Foufounes Électriques. "C’était une petite discothèque où jouaient des groupes d’étudiants quand c’était pas l’heure du disco. Elle doit être encore là, sous une forme ou une autre. Mais cette nuit-là, les visages se dissolvaient, vous voyez le genre."
Les 26 et 27 novembre
Au CEPSUM
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