Ron Sexsmith : Le retour du crooner
Musique

Ron Sexsmith : Le retour du crooner

Dans un monde où, de plus en plus, on préfabrique les chanteurs comme des petites marionnettes pour ensuite les propulser qu’aux sommets des palmarès en étoiles filantes éventuellement évaporées dans la galaxie, très vite oubliées, les crooners de la trempe de Ron Sexsmith évoluent en marge et vivent dans des petites maisons lumineuses en Ontario. "Mes débuts furent laborieux, j’étais courrier à vélo le jour et je faisais des concerts le soir. Rien de bon ne m’arrivait à Toronto, les étiquettes ne s’intéressaient pas à moi… Les choses ont enfin démarré lorsqu’un label de Los Angeles a entendu ce que je faisais, se souvient le joufflu Canadien. Je suis très content de la façon dont ma carrière se déroule. Je ne m’en suis jamais préoccupé obsessivement, je n’étais pas intéressé à monter en flèche jusqu’au top des palmarès; ce qui m’importait, c’était de m’inscrire dans la durée."

N’empêche que s’il y avait une justice en ce bas monde, le natif de Niagara Falls, qui jouit d’un succès d’estime enviable et compte parmi ses fans les Paul McCartney, Chris Martin (Coldplay), Feist, Elvis Costello et Steven Spielberg, serait au moins prophète en son pays. "Je suis un genre de crooner, je ne fais pas un style de musique très populaire par les temps qui courent."

Avec sa baby face même encore à 40 ans, sa moue de romantique inconsolable, sa folk mélancolique comme une caresse alanguie, avec sa musique qui flirte avec le country l’air de ne pas y toucher, s’approche de la pop sans jamais perdre en élégance, avec cette voix chagrinée et rassurante en même temps – du velours pour accompagner le spleen automnal – et ce très beau disque paru au printemps passé (Retriever), Ron Sexsmith mérite plus qu’une écoute distraite. "Mes paroles de chansons sont toutes très différentes, selon où j’en suis rendu dans la vie. Ce qui est très cool avec l’existence, c’est que de nouvelles choses ne cessent jamais d’arriver. Il y a plusieurs chansons d’amour sur ce disque parce que j’étais au début d’une relation. Au moment où nous nous parlons, je travaille sur deux albums et les textes qui s’y retrouveront sont plus narratifs, voire fictifs, des commentaires sur le monde qui m’entoure, des petites histoires…" Un peu à l’image d’Imaginary Friends, notre plage préférée, la chronique douce-amère de tous les faux amis rencontrés sur la route? "They’ll ask you where you’ve been / But never wait for your reply / They’ll meet you when your ship comes in / But never meet you eye to eye", chantonne Sexsmith. "C’est une très vieille mélodie entreposée dans ma tête depuis longtemps, j’avais 16 ans quand j’en ai écrit la musique, mais je n’ai trouvé les paroles que tout récemment. Quelqu’un m’a envoyé un courriel me disant que cette chanson le faisait toujours pleurer; c’est bizarre, moi je la voyais comme une chanson pop qui rocke un peu."

Au terme de cette tournée canadienne avec Montréal en bout de parcours, le plus gentil des crooners a hâte de retrouver les siens mais aussi son piano, cadeau de son batteur, livré chez lui pendant son absence. "C’est comme une nouvelle frontière, dit le guitariste, ça m’amène vers des progressions que je n’aurais jamais composées sur une guitare, c’est mon instrument préféré! Boire mon café, dormir dans mon lit, jouer du piano chez moi, c’est ce genre de détails qui me manquent quand je suis en tournée…"

Le 26 novembre avec Sarah Slean
Au Cabaret Music-Hall
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