Génération Motown : La fièvre motown
Musique

Génération Motown : La fièvre motown

Avec Génération Motown, le Casino présente une revue musicale de la période des années 50 aux années 80, une musique qui marqua des générations entières de musiciens. Rencontre avec trois d’entre eux.

Présenté d’abord à l’hiver 2002 et 2003 au Capitole de Québec puis le mois dernier au Saint-Denis de Montréal, Génération Motown fait un tabac partout où il passe. Le défi de produire un spectacle composé uniquement de musique américaine au Québec est l’initiative de Joël Ferron, un multi-instrumentiste qui voulait faire revivre l’histoire de Marvin Gaye, et en l’occurrence celle de l’étiquette Motown et de ses nombreuses vedettes noires des années 50 à 80. Ainsi, la revue musicale visite les œuvres des Stevie Wonder, Diana Ross & The Supremes, The Four Tops, The Temptations, The Commodores, Lionel Richie, The Jackson Five et plusieurs autres. Le spectacle est mis en scène par René Simard, alors que Ferron assure la direction musicale. La distribution de 19 interprètes compte entre autres les chanteurs Luck Mervil, Sylvie Desgroseilliers et Dorian Sherwood, les danseurs Nadège Maignan, Sonia Clarke et Maud Beauchemin sur des chorégraphies de Genevière Dorion-Coupal, en plus des musiciens aussi sur scène. "Le motown pour moi, c’est là où j’ai appris la vraie définition du mot soul: c’est l’âme, la black music. J’ai toujours été impressionné de voir les artistes de Motown bouger. Ils ont un body language particulier, puis on voit même des Blancs qui empruntent certains pas de danse. Ça a influencé plusieurs générations après les années 50!" explique René Simard, rencontré dans une répétition précédant la série de spectacles.

"Faire du motown, c’est avant tout ressentir ce que tu fais, c’est laisser la place à la chanson, apprendre à ne plus exister", explique Luck Mervil, qui dit avoir d’abord accepté le projet de Joël par amitié, retardant même la sortie de son album. "Je viens du milieu de l’Église, où mon père nous amenait, et là ce n’était pas grave de fausser à la limite; l’important, c’était: "est-ce qu’on ressent quelque chose?" Quand tu montes sur la scène de l’église pour chanter devant 500 personnes, dis-toi bien qu’ils savent tous chanter mieux que toi, alors donne-leur du feeling! C’est ça, Motown!" exprime Luck Mervil, cherchant des yeux sa comparse Sylvie Desgroseilliers qui approuve de la tête. "Et ça s’est complètement perdu, il n’y en a plus! commente celle qu’on a connu dans Du rock à l’opéra. Dans cette musique, on avait quelque chose à dire, à faire passer et c’était un message, des émotions. Aujourd’hui, c’est faire du cash, c’est combien d’albums j’ai vendu aujourd’hui…"

Menant leur carrière un peu dans cette mentalité de motown, les deux chanteurs se disent au cœur d’un problème toujours existant dans la province: "J’ai été pendant longtemps le seul black à faire des albums au Québec. Ce n’est pas qu’il manque de talents, mais ils ne sont pas connus, il n’y a pas d’albums qui sortent! Le show envoie un message puisque ça prouve que les gens achètent, sont prêts à triper. Ce n’est pas les gens, le problème, c’est l’intelligentsia autour. Moi, c’est la boule qui me reste toujours dans la gorge quand je regarde mes chums danser, chanter sur scène", explique Luck, qui avoue avoir été sceptique au départ quant au choix de René Simard à la mise en scène. "Mais au fond, René Simard est parti à Toronto pendant trois ans pour faire de la comédie musicale et c’est un artiste accompli qui a voyagé à travers le monde! (…) Il a été très ouvert, il est venu avec une grande humilité. Il nous a dit: "Si à un moment, j’ai l’air d’être à côté de la track et que je manque de respect, s’il vous plaît dites-le-moi, parce que ce n’est vraiment pas mon intention.""

René Simard, qui voyage en ce moment entre Beyrouth, où il a créé Dalida, et le Québec, ne voulait pas offenser cette culture qui l’inspire: "Mon père nous a élevés avec Martin Luther King, c’était son idole, et il nous a enseigné que les différences, c’était enrichissant pour tout être. Moi, s’il y a un mot que je ne comprends pas, c’est le mot raciste, et ce, à tous les niveaux. Berry Gordy disait: "Unity, Family, Humanity", trois mots qui en disent long. Et dans le show, il n’y en a pas de vedettes, les gens cherchent à s’entraider."

Jusqu’au 31 décembre à 21h
Au Théâtre du Casino du Lac-Leamy

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