Cali : Amours fourchues
Musique

Cali : Amours fourchues

Si l’amour est sans pitié, Cali y réplique par une souveraine et douce ironie, dans un album à signature  féline.

Cali

, c’est à la fois Bruno Caliciuri et sa plus récente incarnation musicale, l’une des plus exaltantes surprises de la chanson française du troisième millénaire (il est encore jeune, ce troisième mille, mais il faut bien commencer quelque part!). Né en 1968 à Vernet-les-Bains, dans la région de Perpignan, l’homme a vécu un parcours pour le moins mouvementé avant d’être remarqué aux FrancoFolies de La Rochelle et de pouvoir s’offrir une véritable renaissance artistique.

Malgré une relative errance, la musique fut au centre de son existence dès l’adolescence. Aujourd’hui, à 35 ans, Bruno Caliciuri a presque 20 ans de carrière à son actif, mais ses vies sont au nombre de trois ou quatre. Nourri de rock anglo-saxon, il s’est faufilé dans l’underground et a animé les formations Indy (vers 1994) puis Tom Scarlett (en 1997), aux influences mêlées de punk et de pop. Il amorça un peu plus tard une tentative solo, puis décida d’adopter un diminutif de son patronyme – trop difficile à retenir pour la plupart des spectateurs et des critiques. Naquit donc Cali, lequel accouchait en mai dernier d’un premier disque officiel succédant aux trois efforts autoproduits de ses autres groupes.

Sur cette œuvre étonnante intitulée L’Amour parfait, on accède, en 13 stations dénuées de monotonie, à un romantisme de second degré, qui fleure bon le Murat et le Miossec, le Tom Waits et le Mano Solo, avec ce qu’il faut d’indéfinissable pour faire de Cali… un pote, ou du moins une connaissance intrigante.

Joint au téléphone, Cali respire un enthousiasme énorme que tamise la maturité acquise au long d’un trajet considérable.

Certains vous ont décrit comme un désabusé. N’est-ce pas un portrait bien partiel?

"Ça me semble assez faux. J’ai 35 ans, j’ai démarré à 17 ans, et aujourd’hui je me dis que c’est le bon moment, je me lave totalement à travers ce que je fais, peu importe ce qui se passera après. Ça me libère de pas mal de choses; c’est

la psychanalyse absolue, quoi! […] Et puis sur scène, je dis "je, je, je" constamment – ce qui est assez nouveau pour moi -, alors je retourne chaque soir dans les loges lavé et heureux."

Si on enlevait tout ce qui concerne l’amour sur votre album, il resterait bien peu de choses, non?

"Mais qu’est-ce qui n’a pas trait à l’amour aujourd’hui? Par contre, il faut dire que j’avais à l’origine présenté une quarantaine de chansons à la maison de disques. Plusieurs sur la peine de mort, sur l’inceste, sur l’homosexualité, etc. Puis, on a voulu faire un disque qui n’aille pas dans tous les sens et qui se tienne un peu musicalement. C’est en me retournant vers les pièces que j’ai été frappé par tous ces titres qui parlaient d’amour."

Le spectacle s’écarte-t-il un peu de cette sélection thématique?

"Parfois, des gens viennent voir un chanteur qui va pleurer sur l’amour, et puis non, je rigole sur autre chose et je pleure sur autre chose également. C’est pourquoi nous entremêlons les pièces endisquées et les autres, en demeurant à l’écoute de ce qui se passe devant nous, comme dans les bals où l’on jouait parfois devant des bagarres générales."

Le 15 décembre à 20 h
Au Grand Théâtre

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