Linkin Park : Papes du rap

Après l’énorme succès de Meteora, vous rappliquez avec un second projet hybride. Cette fois, est-ce une volonté de votre part ou une idée commerciale de MTV?

Joseph Hahn: "L’histoire demeure simple: nous avons toujours aimé le hip-hop et nous désirions depuis longtemps travailler avec de grands noms de ce mouvement. La sortie du Grey Album de Jay-Z nous a plus que convaincus. La fusion du rock et du hip-hop qu’il a effectuée sur son dernier opus, Grey Album, à travers le mélange des deux disques d’anthologie que sont le Black Album de Metallica et le White Album des Beatles, s’accordait avec notre vision des choses. Nous avons voulu tenter ce mariage musical avec lui. Nous l’avons donc contacté pour lui en parler, et il a été ravi. Au début, il voulait seulement poser quelques voix sur nos chansons. Nous lui avons suggéré d’aller plus loin en remixant certaines de ces chansons à partir de ses idées. Cela a donné Collision Course. MTV fut ensuite le premier média à s’y intéresser. Le réseau nous a poussés à filmer le concert que nous donnions à Hollywood, au Roxy Theater. Nous sommes tous très fiers du résultat final."

Le disque comporte six titres. Avec aussi peu de chansons, n’est-ce pas simplement un showcase promotionnel?

Chester Bennington: "Non. En fait, nous avons répété dix chansons pour le concert du Roxy. Cinq sont issues du répertoire de Jay-Z et cinq du nôtre. Seulement six d’entre elles, les plus représentatives, font l’objet d’une commercialisation sur CD. De plus, cette soirée fut filmée pour un show télévisuel devant 450 invités. Nous ne l’avons donc jamais présenté comme un concert de Linkin Park. Quant au nombre de titres à interpréter, cette émission avait une durée précise, nous avons respecté cet impératif. Rien de plus. Cela devait être un événement unique, ce qui explique aussi que nous n’ayons absolument pas planifié pour le moment d’amener ce spectacle sur la route, même si j’adorerais le faire avec Jay-Z. Si nous arrivons à le convaincre, nous ferons cette tournée avec un réel plaisir."

Vous sentez-vous plus influencés par le hip-hop de la Côte-Ouest ou celui de la Côte-Est?

Joe: "Nous aimons les deux courants. Il existe de bons artistes à Los Angeles, San Francisco, Detroit, Atlanta ou New York. La partie hip-hop de la musique de Linkin Park vient davantage des influences de Mike et des miennes à travers les excellents D.J. que j’écoute depuis plus de 10 ans, non de leur lieu de résidence."

Sur Reanimation, vous avez travaillé avec plusieurs groupes de hip-hop underground tandis que pour ce disque, vous collaborez avec une star mondiale du hip-hop. Pourquoi pas Eminem?

Joe: "Tous ceux avec lesquels nous avons travaillé se révèlent des stars pour nous. Ils nous l’ont prouvé avec leur talent et leur générosité. Je les ai tous admirés, sinon je n’aurais jamais pu travailler avec eux. Pour moi, dans le star-système, il n’existe des barrières ou des paliers que dans les médias. Un artiste demeure un artiste, quelle que soit sa popularité. Je ne juge de sa qualité qu’à travers son œuvre, et non ses ventes de disques. Je me souviens d’avoir rencontré Eminem au collège et nous nous disions déjà que ce courant était le courant de la liberté et celui de l’avenir."

Angel of Silence: Linkin Park qui se lance dans une reprise plus que réussie d’un titre de Depeche Mode. Audacieux comme tentative!

Chester: "Mike est un grand fan de ce groupe depuis son enfance". Avec sa réputation de remixer, Chester fut approché par un des membres de Depeche Mode pour produire un remix d’une de leurs chansons. "Ils ont choisi celle-ci et lorsque nous l’avons écoutée, nous avons tout simplement eu envie de la jouer aussi, tellement nous l’avons trouvée géniale. Le résultat appartient maintenant à l’histoire. C’est dans ces moments-là que nous pouvons constater l’alchimie qui se dégage lorsque tous les intervenants s’admirent et qu’ils se sentent inspirés."

La parution du livre de vos fans, From the Inside, a été retardée; vous n’en étiez pas satisfaits?

Joe: "Au contraire, nous l’adorons."

Chester: "J’adore l’idée de savoir ce que ceux qui nous aiment pensent de nous et comment ils nous perçoivent vraiment. Cet ouvrage est préfacé par David Fripp, journaliste au magazine Rolling Stone, et composé de superbes photos de fans et de textes écrits par un ami qui les a interrogés. Nous n’avions aucune idée de ce qui allait être publié. Ils avaient une totale liberté. Ce fut aussi une condition sine qua non pour tous d’agir en parfaite liberté."

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