La vie musicale : Point d'orgue
Musique

La vie musicale : Point d’orgue

La vie musicale montréalaise nous offre chaque année son lot de surprises, bonnes ou moins bonnes. Petit coup d’œil sur l’année qui s’achève et ce qu’il en reste.

À L’ORCHESTRE

Du côté des grands orchestres, le coup qui marque l’année est certainement celui qu’a réalisé l’administration de l’OSM en mars avec la nomination de Kent Nagano au poste de directeur artistique. Le chef prestigieux pourrait bien avoir le bagout nécessaire pour faire débloquer le projet de nouvelle salle pour l’OSM (il en donnait une très belle démonstration en septembre lors d’un discours aux membres de la Chambre de commerce de Montréal). L’homme ne craint pas les musiques aventureuses et on espère que le public le suivra sur ce terrain. Par ailleurs, le grand succès de l’orchestre cette année a été offert en novembre par la célébration du 25e anniversaire de Starmania. Un engouement tel que l’on annonce des supplémentaires pour les 21 et 22 juin 2005.

Un autre programme alliant musique orchestrale et chanson a connu un vif succès récemment, soit celui qui nous a fait redécouvrir la musique de Richard Desjardins grâce aux arrangements de Gilles Bellemare, en octobre, en guise de prélude au Coup de cœur francophone. Un programme qui a aussi eu droit à une supplémentaire et que la rumeur porte déjà sur disque. Bellemare, qui dirigeait ces deux soirs-là un orchestre monté pour la circonstance, a annoncé à la fin novembre qu’il quittait le poste de directeur artistique de l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières, qu’il a contribué à fonder en 1978.

EN VOIX

On a eu une idée de ce que pourrait nous réserver le nouveau tandem que forment à l’Opéra de Montréal le directeur artistique Bernard Labadie (nommé en 2002) et le directeur général David Moss (en poste depuis août 2003) lorsque nous avons pu voir en mars dernier, 10 ans après leur création à Toronto, les mises en scène de Robert Lepage pour Le Château de Barbe-Bleue (Bartók, 1918) et Erwartung (Schoenberg, 1924). Deux opéras modernes dans une facture qui l’était tout autant et pour lesquels la fréquentation des salles a dépassé toutes les attentes en atteignant 91 % pour les cinq représentations! La saison en cours nous a offert, en première à la compagnie, Ariadne auf Naxos (R. Strauss, 1916) et nous aurons une autre première en mars 2005: Agrippina (Haendel, 1709). On pourrait espérer des "nouveautés" plus récentes, mais l’intention est là!

En matière de musique baroque, La Nouvele Sinfonie et son chef Hervé Niquet offraient le 1er novembre dernier ce qui était officieusement présenté comme leur concert d’adieu (pas de nouvelles à ce jour sur leurs problèmes de financement). L’opéra Don Quichotte chez la Duchesse, de Joseph Bodin de Boismortier (1743), était pourtant présenté avec une bonne humeur tout à fait communicative, une mise en scène minimale mais inventive, et une musicalité qui nous ferait regretter le passage trop court de cet orchestre dans notre vie musicale.

Début décembre, c’est à l’OSM que l’on a pu assister à l’un des nombreux hommages, mais non le moindre, rendus au grand chanteur Joseph Rouleau pour souligner son 75e anniversaire. Les amateurs d’art vocal ont eu droit pour l’occasion à la première prestation avec l’OSM (et Jacques Lacombe) de la soprano américaine Grace Bumbry, amie de longue date de M. Rouleau, dont on lançait par ailleurs au même moment la biographie, À tour de rôles, signée Jacques Boucher et Odile Thibault.

À SOULIGNER

Pierre Grandmaison célébrait l’été dernier le 30e anniversaire de sa titularisation aux grandes orgues Casavant de la basilique Notre-Dame. Il le faisait en inaugurant le Festival des Grandes Orgues de Notre-Dame de Montréal, qui s’est tenu du 18 juillet au 29 août et durant lequel l’organiste a interprété l’intégrale des œuvres pour orgue de César Franck.

Le Nouvel Ensemble Moderne de Lorraine Vaillancourt célébrait quant à lui en juin ses 15 ans avec un théâtre musical jubilatoire signé Michel Smith. La directrice et ses musiciens venaient à ce moment-là de voir leur filer entre les doigts l’immeuble où ils voulaient concrétiser le projet de s’établir, avec la société Réseaux et les Productions SuperMusique, dans un lieu multi-fonctionnel et multi-genres. Ce n’est, souhaitons-le, que partie remise.

Les membres du Quatuor Molinari offraient le 5 mars à la Salle Redpath un concert à la mémoire du peintre qui a inspiré tant son nom que son esprit d’aventure, Guido Molinari, décédé le 21 février. Très motivé à faire connaître la musique d’aujourd’hui, le Quatuor faisait connaître en mai dernier les noms des quatre gagnants de son deuxième Concours International de composition pour quatuor à cordes, dont il donnera les œuvres en création le 4 février 2005.