Revue francophone – disques 2004 : Retour sur disques
Musique

Revue francophone – disques 2004 : Retour sur disques

Une revue des principaux albums francophones parus en 2004 n’oserait prétendre à l’exhaustivité sans la mention de la pléiade de star académiciens ayant une nouvelle fois cartonné sur les palmarès québécois. Voilà qui est fait!

LES BOMBES

La surprise de l’année revient sans l’ombre d’un doute aux fulgurants Trois Accords qui, s’ils avaient eu la bonne idée de s’inscrire à l’ADISQ, auraient probablement raflé bon nombre de statuettes lors du dernier gala, grâce à leur ravigotant et certifié Or Gros Mammouth Album Turbo (plus de 50 000 copies vendues). Si le quintette drummondvillois aura rendu dingues plusieurs auditeurs de radio avec son giga-tube Hawaïenne, la plupart auront joyeusement entonné les "j’aurais voulu que tu "soye"!" et pris la peine de découvrir les multiples autres bonnes pièces d’un premier recueil mélodique et rigolo. Autre révélation, le jeune Pierre Lapointe qui, autant sur disque (éponyme) qu’en spectacle, aura conquis nombre d’oreilles avec ses chansons d’inspiration française, aux textes aussi insolites que touchants. L’un des disques les plus attendus de 2004 était sans contredit cette Grand-Messe, officiée par les Cowboys Fringants. La commande était de taille puisqu’elle fait suite au faramineux succès de Break syndical, mais les cinq gardiens de troupeau n’échapperont aucune bête, bien au contraire, avec ce nouvel opus davantage fignolé, fidèle à l’esprit festif et conscientisé du groupe. Les amateurs de rock plus marginal auront, pour leur part, été ravis de retrouver sur disque l’étonnant Fred Fortin. Avec la parution de son troisième effort solo, Planter le décor, et les rugissants concerts ayant suivi cet automne, l’artiste originaire du Lac-Saint-Jean aura su combler les attentes en plus d’avoir élargi son bassin d’admirateurs, conciliant admirablement accessibilité et originalité.

De retour avec Amour oral, Loco Locass délivrait une autre virulente dose de prose incisive et engagée, démontrant n’avoir rien perdu de son flow effréné, tandis que Le Karlof Orchestra a accouché d’une nouvelle galette aussi rafraîchissante que dépaysante, baptisée Fuzzy Trash Pop. Désormais seul maître de sa destinée, l’enfant terrible du rock québécois, Daniel Boucher, présentait quant à lui sa surprenante Patente. De son côté, Jérôme Minière présentait avec Chez Herri Kopter le fruit d’un heureux mariage entre ses univers de chanson et d’électronica. L’ex-claviériste de Zébulon, Yves Marchand, a déposé au printemps sa première offrande solo, intitulée Belvédère, doux recueil de chansons à saveur folk et blues. Quant à la formation Balthazar, sept ans après son premier essai éponyme, elle rappliquait de belle façon avec Mi Volki, album multicolore découlant de nombreuses explorations sonores, marquées par un fructueux séjour en Europe. Parmi les nouveaux venus, mentionnons les premiers efforts remarqués du groupe Béluga (éponyme), puis Daniel Grenier et les Guerriers de la Lumière, en nomination pour l’album alternatif de l’année au dernier gala de l’ADISQ.

ROCK’N’ROLL REVIVISCENCE

Le rock’n’roll francophone n’aura pas échappé au courant de ferveur populaire observé à l’échelle planétaire en 2004 et plusieurs groupes de chez nous auront répliqué de belle façon. Le Nombre nous a balancé son virulent Scénario catastrophe, explosif cocktail rythmique et mélodique, après que Les Breastfeeders nous eurent servi un Déjeuner sur l’herbe des plus vitaminés. Plus tôt cette année, la formation Gwenwed prônait Le Retour du bleu métallique, prodiguant une heureuse mixtion de pop grinçante et de rock débridé. En termes de décibels frais, mention spéciale au quartette montréalais Malajube, dont le tout récent premier long jeu, titré Le Compte complet, suscite de vives réactions, apportant des teintes inédites au paysage musical francophone d’ici.

LES GRANDES TRAVERSÉES

Quelques compacts ayant franchi l’Atlantique au cours des 12 derniers mois méritent également d’être signalés. Outre d’excellents albums en concert d’Alain Bashung (La Tournée des grands espaces) et Mickey 3D (Live à Saint-Étienne), M (Mathieu Chédid) aura su confirmer l’ampleur de son talent. En plus de contribuer au succès de la bande originale du film Les Triplettes de Belleville, l’auteur-compositeur-interprète à la voix haut perchée accouchait de Qui de nous deux, conjuguant encore une fois à merveille groove, douceur et poésie. Le jeune Saez récidivait quant à lui avec un troisième tome de rock sombre et intense (Debbie), alors que l’inimitable Sanseverino présentait une nouvelle fournée d’amusantes chansons, Les Sénégalaises. Louise Attaque sur la glace, Gaëtan Roussel et Arnaud Samuel mettaient bas le second rejeton de Tarmac, Notre époque, et enfin, Vincent Delerm a lancé son deuxième essai, Kensington Square, où sa voix inclassable trouve appui sur des orchestrations de cuivres et de cordes plus étoffées.