Vernacular : Pro-fusion
Le trio Vernacular, de Cleveland, débarque pour la première fois à Montréal avec son free jazz assez sombre, très spécial. Coup d’œil.
C’est alors qu’il était en tournée avec le quartette Black Ox Orkestar que le contrebassiste Thierry Amar (Godspeed! You Black Emperor, Silver Mount Zion, Molasses) a croisé la route du trio Vernacular. Impressionné, il a fait connaître les Américains à ses potes de la Casa del Popolo, qui l’ont été aussi et ont choisi d’inviter le trio à se produire à Montréal.
Bien qu’il existe depuis quatre ans, on ne connaît guère Vernacular par ici; un petit appel à Cleveland s’impose. L’impression que le trompettiste Rafik A. se réveille après une nuit très mouvementée lorsque joint chez lui: "On est trois cats… Lawrence Daniel Caswell est à la basse et chante aussi, Chris Kulscar joue de la batterie et de la guitare, et moi je joue surtout de la trompette. On se connaît tous les trois depuis 10 ans, mais on a formé le trio en 2000." En faisant une petite recherche, on tombe sur deux articles dont l’un décrit Vernacular comme un rock act, et l’autre comme un noise-jazz band… "C’est ça le problème avec les journalistes américains, poursuit Rafik, ils veulent toujours trouver la petite étiquette qui dit tout… Personnellement, j’aimerais mieux new music; on tire notre inspiration d’un peu partout… Il y a aussi une bonne part d’improvisation dans nos compositions…"
La musique de Vernacular est en effet difficile à étiqueter. Il y a bien sûr un côté free jazz, porté principalement par la trompette (Rafik joue un peu comme un Miles Davis qui aurait mal aux dents), qui évolue sur une trame très noire. Le dialogue entre la batterie et la basse est empreint d’une colère sourde. Voici justement le bassiste: "Le fait que les gens aient de la difficulté à nous étiqueter ici à Cleveland vient de ce qu’on ne leur facilite pas les choses, parce qu’on a aussi un projet alter ego, qui s’appelle Big Black Africa; dans ce trio-là, je suis toujours à la basse et Chris à la batterie, mais Rafik chante, et c’est vraiment du rock bien carré. C’est un projet plus léger, pour le fun, et il peut arriver, selon l’ambiance, que l’on décide de mélanger les choses un peu et de jouer des pièces de Big Black Africa dans un concert de Vernacular."
L’intimité de la Casa del Popolo devrait convenir parfaitement aux ambiances sombres et free de Vernacular. Le guitariste Sam Shalabi, que l’on voit souvent au sein de différentes formations, mais pas si souvent en duo, se produira avec le contrebassiste Thierry Amar en première partie. Tout ce beau monde-là ferait un beau quintette, non? Laurence est d’accord: "Quand on a jammé ici à Cleveland avec les gars de Black Ox Orkestar, c’était vraiment bien. Alors, il n’y a rien de planifié en ce sens, mais ce serait con de faire tout ce chemin-là et de s’en passer."
Le 22 décembre avec Sam Shalabi
À la Casa del Popolo
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