Slipknot : Le choc des extrêmes
Musique

Slipknot : Le choc des extrêmes

L’armada Slipknot émerge d’une période trouble gonflée à bloc et s’amène à Québec impatiente d’en rencontrer le public. Tout baigne, à une exception près.

Le bassiste de la formation Slipknot, Paul Gray, ne semble pas a priori du type à s’empresser d’honorer ses rendez-vous téléphoniques. Néanmoins, à la troisième tentative, il accepte volontiers de faire la lumière sur les obstacles rencontrés par la volumineuse troupe néo-métal avant l’enregistrement de Vol. 3: The Subliminal Verses (Roadrunner, mai 2004). "Le groupe existe depuis 1995 et on était ensemble tous les jours depuis tout ce temps, alors il était devenu inévitable qu’on se tape un peu sur les nerfs", explique-t-il, ajoutant que les projets musicaux extra-Slipknot causaient l’essentiel des tensions entre ses neuf membres. "Sans qu’il soit nécessairement question de séparation, il y a eu une période où on ne savait pas trop ce que nous réservait le futur. On avait besoin d’une pause. Mais quand on s’est retrouvés, libérés des vibrations négatives, le groupe s’est rapproché comme jamais auparavant et on a écrit le meilleur album qu’on pouvait écrire…"

Et quel meilleur endroit pour des retrouvailles que l’ancien manoir d’Houdini transformé en studio? "C’est un lieu très étrange, une très belle et vieille maison qui a été construite dans les années 20, je crois. Ma chambre était incroyable, avec un balcon et des grandes portes vitrées, mais Chris (Fehn, percussions) et Sid (Wilson, tables tournantes) habitaient des pièces plutôt effrayantes au sous-sol; il y avait une section un peu plus loin où je ne serais jamais allé même si on m’avait payé. Je ne sais pas où ça menait et qu’est-ce qui s’y passait mais… No way!" rigole-t-il, vantant toutefois l’agréable climat de travail de l’endroit et l’habileté du réalisateur Rick Rubin à extraire aussi bien le caractère brutal que le potentiel mélodique du groupe. "Oui, il y a les deux extrêmes; on a fait cet album avec beaucoup plus d’ouverture d’esprit que les autres. On était prêts à essayer différentes choses. Et ce qui était bien, c’est qu’il y avait plusieurs petits studios, cinq ou six, un peu partout dans la maison. Alors même lorsque les ingénieurs de son n’étaient plus là, à 4 h du matin, si quelqu’un avait une idée, on pouvait y travailler et l’enregistrer. Il nous est donc resté beaucoup de matériel qu’on sortira peut-être plus tard, sur des simples ou quelque chose comme ça; rien n’a été oublié ou perdu…"

Pour clore l’entretien, on ose demander au musicien ses réactions par rapport à la tragique fusillade ayant récemment coûté la vie au guitariste Dimebag Darrell (Damageplan, ex-Pantera), entre autres. Il n’en fallait guère plus pour anéantir sa belle humeur et découvrir les raisons du délai de son appel. "Ah… man… Je suis revenu des funérailles hier. Dimebag était un ami très proche… Aucun mot ne peut décrire à quel point c’est horrible et injuste que quelqu’un lui ait fait une chose pareille. Il était le type le plus gentil et le plus vrai que tu puisses rencontrer. Il était du genre à rester dehors après un concert jusqu’à ce que chaque fan, sans exception, ait eu son autographe… C’est horrible. Jesusman… Il va vraiment me manquer pour toujours, c’est tout ce que je peux dire."

Le 7 janvier à 19 h 30, avec Killswitch Engage et Un-Earth
Au Centre de foires