Pierre Flynn : Charmer la muse
Pierre Flynn poursuit son vagabondage scénique en solitaire, tout en espérant se retremper dans l’écriture sous peu.
Contrairement à bon nombre de ses pairs, l’auteur-compositeur-interprète Pierre Flynn n’avait jamais tenté l’expérience des planches en solo avant l’automne dernier. "Je ne sais pas si c’est parce que je viens plus d’une école rock que folk, mais je ne pensais pas qu’avec seulement un piano, je pouvais faire un spectacle complet", confie le musicien originaire de Québec, révélé au début des années 70 avec les airs prog-rock de son groupe Octobre. "Après la tournée électrique de Mirador, où je me suis vraiment éclaté avec un super band, j’ai pensé qu’on pourrait poursuivre avec un spectacle plus intime, en duo ou en trio, car je me disais que ça n’avait pas de bon sens tout seul, que c’était impossible, que j’avais trop de chansons rythmées… J’avais peur de ça, mais en même temps, j’étais curieux de voir comment je m’en tirerais", poursuit-il, admettant que l’insistance et les encouragements de ses collègues Séguin, Bigras, Faubert et autres auront achevé de le convaincre. "Ils me disaient tous: "Vas-y tout seul! Il faut que tu essaies!" Je trouvais que tout le monde commençait à être ben fatigant (rires), alors je me suis mis à voir ça comme un beau défi…"
L’aventure intimiste s’avérera en effet très enrichissante, l’amenant à présenter plusieurs concerts au Québec et en Suisse au cours de l’été. Tout en se délectant du contact privilégié établi avec son public et de la redécouverte du piano qu’il avait un brin négligé ces derniers temps, l’artiste y survole trois riches décennies de chanson. "Je fais deux pièces d’Octobre, mais ce ne sont pas nécessairement les chansons phares", confie-t-il, notant l’apport de Michel Faubert à la mise en scène. "Je fais des morceaux de tous mes disques, quoiqu’il y en a beaucoup de Mirador puisque c’est quand même l’album le plus près de mon cœur et de mes préoccupations; c’est celui que j’ai fait… bien, je ne dirais pas hier, mais il y a… oh, mon Dieu, ça fait déjà trois ans!" réalise-t-il avant de faire le point sur son rythme créatif et la préparation de son prochain recueil. "Disons qu’il y a une ébauche de chantier qui s’esquisse!… Je vais avouer franchement, je ne suis pas capable de faire beaucoup de choses en même temps. Et je commence vraiment à avoir hâte de m’arrêter parce que je n’écris pas de façon soutenue; j’écris par grands coups. Après ça, j’arrête, je fais des spectacles, puis je donne un autre grand coup. Ce n’est pas nécessairement la meilleure méthode mais, pour le meilleur et pour le pire, c’est la mienne", poursuit le double récipiendaire du Félix de l’auteur-compositeur de l’année, pour Jardins de Babylone en 1992 et Mirador en 2002.
"Je pense que la priorité pour l’année qui vient, c’est de redevenir compositeur et auteur, puis de voir ce que ça va donner, enchaîne le musicien. Parce que pour moi la création, ce n’est pas un acte où l’on décide d’avance ce qu’on va faire. Oui, ça prend de la volonté, mais ce n’est pas vraiment un acte volontaire; on ignore ce qui va se passer. On s’aventure dans un sentier de forêt, puis on ouvre grand ses antennes, ses oreilles et son âme; on est en position de réception… J’ai le goût d’avancer; je n’ai pas envie de refaire ce que j’ai fait dans le passé. Et je pense qu’en général, pour chaque album, j’ai essayé d’effacer mes traces puis d’aller voir ailleurs…" L’hiver s’annonce donc bien meublé pour Flynn qui, en plus des spectacles, l’écriture et une panoplie d’autres menus projets, tiendra le rôle du père d’Émile dans l’Opéra Nelligan, à la mi-février, aux côtés de Richard Séguin, Daniel Bélanger, Daniel Lavoie et l’Orchestre symphonique de Montréal.
Le 22 janvier à 20 h 30
Au Vieux Clocher de Sherbrooke