Anne Sylvestre : Loin des ornières
Anne Sylvestre sera bientôt de passage parmi nous, suivant les chemins du vent. Ces mêmes chemins qui la mènent depuis près de 50 ans à travers le paysage de la chanson française. Entretien avec une femme buissonnière.
Ce paysage, elle l’a marqué de ses chansons, comme autant d’arbres qu’elle y aurait plantés. Certains l’auront connue, enfants, avec ses Fabulettes, d’autres l’auront découverte ados, peut-être à travers Lazarre et Cécile. D’autres encore se souviennent d’Une sorcière comme les autres, de Non tu n’as pas de nom ou de La Faute à Ève. Revendicatrice, humoristique, humaniste, elle produit elle-même ses disques et ses spectacles depuis nombre d’années. Un autre opus, un autre spectacle, une autre tournée viennent s’ajouter à une œuvre déjà fort riche.
Votre dernier spectacle s’intitule Les Chemins du vent, pouvez-vous nous le raconter un peu?
"C’est un spectacle qui contient toutes les chansons de mon dernier album, que j’ai écrites il y a un peu plus d’un an, et puis un nombre égal de chansons anciennes, certaines même très anciennes, d’autres prises un peu à toutes les époques. Je suis accompagnée d’un pianiste qui s’appelle Christopher Beckett et d’une clarinettiste, Chloé Hammond. Nous sommes donc trois sur scène dans une relation vraiment triangulaire. Et puis je me déplace pas mal, je trace aussi mes chemins du vent sur la scène. J’ai aussi une balançoire sur scène…"
Vous avez vraiment une mise en scène…
"Ah oui, une mise en scène qui a été faite par Michèle Bernard, une chanteuse-auteure-compositrice française qui est une de mes meilleures collègues. Comme elle fait le même métier que moi, je lui ai demandé de me diriger. La mise en scène, c’est une façon de rendre les chansons plus vivantes et d’occuper l’espace."
C’était important pour vous de ramener des anciennes chansons à travers les plus récentes?
"Il y a évidemment dans le public des gens qui me connaissent depuis longtemps et qui aimeraient bien que je chante seulement les anciennes, mais moi, je tiens à chanter les nouvelles et je trouve ça normal. On les écrit, il faut les chanter! J’aime beaucoup faire ce mélange. Ça prouve aussi une suite, une cohérence dans tout ça."
Vous avez fêté en 1998 vos 40 ans de chanson. Ça fait donc tout près de 50 ans que vous êtes dans le métier. Comment fait-on pour se renouveler autant et avoir toujours de l’inspiration?
"Je pense que c’est une question de désir et de plaisir. Je n’ai aucun problème avec les idées. Ce qui est plus difficile, c’est l’écriture parce que, pour moi, l’écriture, ce n’est pas tout simple, tout facile. Il faut que je m’y mette, que je m’enferme, que je me dise que, maintenant, j’écris. Mais ça me plaît! J’écris toujours dans l’optique de chanter sur scène. Et comme chanter sur scène, c’est vraiment un plaisir de plus en plus vif pour moi, je me demande jusqu’où ça va aller, parce que ça m’effraie un petit peu! J’écris pour chanter. Et c’est ce désir-là qui me tient et qui me mènera encore plus loin. Le jour où je n’aurai plus envie d’être sur scène, bien, j’arrêterai."
Gageons que ce ne sera pas de sitôt!
Le 27 janvier à 20 h
Au Petit Théâtre du Pavillon des arts
de l’UQAC