Didier Boutin : Didier des Bois
Didier Boutin a récidivé l’automne dernier avec son deuxième album. Une production à tendance française, qui s’est avérée l’une des belles surprises de 2004.
Notre première rencontre avec Didier Boutin remonte à 2000 alors que le Montréalais d’origine française offrait Les Choses simples. L’album de facture passablement artisanale associait des humeurs de pince-sans-rire à des musiques électro lo-fi. Apprécié pour son hymne dédié aux indé (Vive les productions indépendantes), le compositeur s’est ensuite fait plus discret, histoire de fignoler Sans le malheur, le bonheur c’est triste, paru l’automne dernier. Un bonheur indélogeable du lecteur depuis.
Didier a mûri, son style s’est peaufiné et ses ambiances raffinées créent une dépendance. Attablé dans un café, l’homme qui a atteint la quarantaine s’explique. "Mon premier compact était un ramassis de vieilles et nouvelles chansons qui divisaient l’album en deux. Je voulais cette fois un produit plus homogène. J’ai terminé l’album il y a deux ans, mais les textes manquaient de profondeur. Je les ai retravaillés et d’autres compositions se sont ajoutées. J’aime prendre mon temps."
Sûr qu’avec des phrases comme "Je n’est pas assez de moi pour aller vivre avec toi" ou "Mon ordinateur est portable et mon portable est ordinaire", l’écriture de Didier étonne. Ses musiques avec de somptueux arrangements de cuivres et de cordes surprennent encore davantage. "Je me suis récemment bercé au son classique des Gabriel Fauré, Mahler et Brahms. Des arrangements me sont alors venus en tête et j’ai pu les reproduire grâce à l’échantillonnage." Didier, qui enseigne la musique, a d’ailleurs repris une mélodie de Mahler sur Les Visages disparus.
"C’est un album plus mélancolique. J’y aborde les amours perdues, déchues, et cette quarantaine qui m’afflige. Le concept de forêt (qui décore la superbe pochette) n’y est pas étranger. Je vois les bois comme une sorte de refuge. Un endroit calme où je peux mijoter et brasser les choses en toute quiétude. Je crois qu’il y a plus de vécu sur cet album."
Le temps qui coule a manifestement fait de Didier un artiste accompli. Son nouvel effort joue dans les grandes ligues même si Boutin éprouve un certain malaise face à l’expression. Le disque rappelle les Gainsbourg, Murat, Bashung et Katerine. Un produit au degré de professionnalisme élevé que Didier défend dans une indépendance chérie. "Je voulais composer l’album, l’assumer et le produire. Je me suis entouré d’amis avec qui j’ai aussi accouché d’un label (Le Salon Rouge) et d’un site Web (www.didierboutin.com). Je ne voulais pas attendre après une maison de disques. Je voulais tout régler moi-même. Si une étiquette s’intéresse au CD, tant mieux, mais personne ne devrait attendre après ça pour faire de la musique." Relève de la province, prends des notes.
Le 22 janvier à 21 h
Au Fou Bar
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