Duos : Les deux font la paire
Musique

Duos : Les deux font la paire

En accueillant Duos, présenté par la compagnie Et Marianne et Simon de la chorégraphe Catherine Tardif, Tangente se transforme en plate-forme d’improvisation musicale et dansée.

Le titre complet du projet est Duos… ou dans l’œil de la renarde. Pourquoi donc "la renarde"? Quel peut bien être le rapport? Il s’agirait, semble-t-il, d’une formule métonymique qui renvoie à la clarinettiste Isabelle Duthoit. "Quand je l’ai vue pour la première fois, nous raconte Catherine Tardif, j’ai été frappée par la beauté de son visage. Ça m’a marquée, je crois. En fait, sa physionomie me rappelait un peu celle du renard. Voilà pourquoi je fais référence à cet animal dans le titre du projet. C’est, en quelque sorte, en hommage à sa beauté."

Lorsqu’on écoute la chorégraphe parler de sa collègue de scène, on sent un élan dans sa voix qui dépasse la description d’une simple relation de travail. On peut percevoir, à travers les mots et les intonations qu’elle emploie, un attachement profond. "Notre relation de travail ne s’est pas organisée de manière conventionnelle. Au lieu de passer du temps à chercher en studio, nous avons préféré bavarder plusieurs heures, chaque semaine, dans un café. Nous nous sommes réellement connues ainsi." Ça se passait en France, en 2003, alors que les deux artistes avaient été conviées à participer, ensemble, à une improvisation scénique de 30 minutes lors du Festival Densité, à Fresne en Woëvre. Catherine Tardif se trouvait déjà sur le vieux continent, grâce à une bourse de séjour d’une durée de six mois au Studio du Québec à Paris.

"Assises dans ce petit café parisien, nous voyagions d’une idée à l’autre. Nous échangions nos opinions et nos goûts artistiques, découvrant plusieurs affinités. Nous nous étions rendu compte, entre autres, que nous partagions un même questionnement: celui de l’investissement de l’interprète sur scène. Vu le contrat que nous avions d’improviser ensemble, il était tout à fait opportun de se pencher à ce moment-là sur cet aspect. Poursuivant le dialogue sur cette question, nous avons donc tenté d’imaginer une relation scénique se rapprochant le plus de l’état désiré." Une fois sur scène, lors dudit festival, ce fut une révélation pour elles et pour le public. Tant et si bien que le projet se poursuit maintenant ici et qu’il a fait des petits… En effet, deux autres improvisateurs se rajoutent au programme. Il s’agit du danseur montréalais Marc Boivin et du clarinettiste français Jacques Di Donato.

"Contrairement à Isabelle et moi, les deux hommes ne se sont jamais rencontrés, précise la chorégraphe. Ils ne se verront pour la première fois qu’un jour avant le spectacle. Mais cela n’a rien d’inquiétant, étant donné la longue expérience que ces deux vétérans ont pu accumuler dans ce domaine, tout au long de leurs carrières respectives." Nous pourrons donc assister à la succession de deux duos d’une trentaine de minutes; l’un masculin, l’autre féminin. Deux univers qui, malgré ce trait d’union, demeurent empreints de singularité, car s’y côtoieront non seulement des domaines artistiques différents (musique et danse), mais également des cultures différentes (France et Québec).

Le processus du projet d’improvisation a été l’occasion pour cette artiste en danse contemporaine, dont la carrière s’étale maintenant sur une vingtaine d’années, de faire le point sur son travail d’interprétation. "En fait, ce genre d’expérience me permet de voir, entre autres, comment je suis capable d’agir, dans mon travail de création et sur scène, sans ce regard extérieur du chorégraphe, avec lequel j’ai vécu durant près de deux décennies." Peut-être a-t-elle trouvé un remplacement provisoire à ce regard à travers l’œil de la renarde…

Du 20 au 23 janvier
À Tangente

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