Kronos Quartet : Expérimenter à perpétuité
Musique

Kronos Quartet : Expérimenter à perpétuité

Après plus de 30 ans, le Kronos Quartet, réputé quatuor à cordes, se réinvente constamment et redéfinit les limites de ce que peut accomplir un ensemble de violons et violoncelle.

Trois décennies plus tard, un prix Grammy et une quarantaine d’albums à son actif, le Kronos Quartet poursuit toujours son chemin, étant près de six mois sur la route par année. "On ne fait que commencer, man! Il y a tellement de choses à faire en musique. Je pourrais être dans ce groupe pour les 500 prochaines années et il n’y aurait aucune possibilité que nous ayons fait tout ce que voulions faire", explique David Harrington, violoniste et membre fondateur. Sans pause, sans arrêt, poussé par une insatiable passion pour la musique, Harrington explique: "Un des grands défis est de trouver la paix pour écouter toute la musique que je veux écouter. Je me retrouve à en écouter dans les avions, les trains, les voitures, les aéroports: des endroits inusités." Il poursuit cette pensée en énumérant ce que contient sa valise. Que des disques, bien entendu. Et une panoplie: le nouveau Eminem, Music from the Shrines of North India, Arabic Club Mix, un groupe suédois nommé Triakel, et la liste se poursuit, laissant une idée de la variété des essences auxquelles carbure le quatuor.

Cette diversité des goûts musicaux du Kronos Quartet se traduit en un éclectisme dans sa propre musique. Relativement connu au sein du grand public pour ses nombreuses collaborations avec des artistes populaires, dont Dave Matthews, Nelly Furtado, David Bowie et Tom Waits, ainsi que pour de mémorables trames sonores de films, tels que Requiem for a Dream, 21 Grams, Heat et True Stories, le Quartet interprète sur disque comme en spectacle des pièces de compositeurs plus insolites d’origines africaine, sud-américaine, du Moyen-Orient et de plusieurs autres pays, notamment l’Afghanistan et l’Irak, pour des raisons politiques. "Si les États-Unis se mêlent des affaires d’un autre pays, c’est un hobby pour moi d’en apprendre le plus que je peux sur la musique de cet endroit", explique Harrington.

Le dernier cru du Kronos Quartet, intitulé Mugam Sayagi, sera mis en vente le 25 janvier prochain. Il présente le travail d’une compositrice azerbaïdjanaise nommée Franghiz Ali-Zadeh, qui combine musique du XXe siècle de l’Ouest et traditions de son pays natal du Mugam. Teinté d’une instrumentation indigène, ce périple en terre méconnue de l’Occident, avec la compositrice au piano, transporte l’auditeur par le moyen d’une approche atmosphérique et raffinée, presque cinématographique, dans un univers peu commun.

De retour d’Europe, le Kronos Quartet s’arrêtera à Ottawa le mardi 25 janvier, question d’offrir à la Capitale nationale un concert digne de la réputation du groupe. Aussi passionné qu’à ses débuts, le Quartet croit avoir encore beaucoup à offrir et il en retire une grande récompense. "On a déjà en tête les 17 prochains albums. La musique en soi donne tellement d’énergie; c’est une ressource naturelle incroyable que nous avons et que nous pouvons partager entre nous. Je me compte chanceux juste de pouvoir me proclamer musicien et de vivre de la musique", conclut Harrington.

Le 25 janvier à 20 h
Au Centre national des Arts

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Mugam Sayagi: Music of Franghiz Ali-Zadeh
Kronos Quartet
(Nonesuch)