Christian Leotta : L’aristocrate Leotta
Le pianiste italien Christian Leotta ouvre l’évènement "Printemps Beethoven" avec la programmation des 32 sonates pour piano. Joint à Como, en Italie, il fait état de cette entreprise.
Christian Leotta
n’a que 25 ans et il en est déjà à sa septième intégrale devant public des sonates pour piano de Ludwig van Beethoven. Une entreprise ambitieuse qui témoigne du caractère exceptionnel du jeune interprète. Divisé en huit récitals, le programme de ces soirées est tout aussi fascinant; il s’agit d’un exercice rigoureux s’intéressant à un répertoire qui s’échelonne sur plus de 25 années pour le compositeur. "L’objectif est d’exposer, à chaque récital, l’évolution constante dans l’œuvre de Beethoven, nous explique Christian Leotta. On détermine souvent trois périodes distinctes pour les sonates. Il est bon de montrer les dimensions évolutives de ce répertoire, de mettre en évidence certaines solutions tirées de cette vaste expérimentation que sont les 32 sonates pour piano."
Passant de la 10e sonate de l’opus 14, d’une thématique et d’une structure originale, à la 3e, virtuose et fidèle aux quatre mouvements de la forme sonate octroyée à Haydn, avant de conclure avec l’Appassionata et la 30e sonate, deux pièces imposantes, éloquentes d’une recherche maîtrisée et au caractère symphonique, le récital du 1er février démontre d’emblée la justesse d’une direction artistique articulée. Une intégrale que le pianiste italien a rapidement apprivoisée avec, entre autres, le fils du pianiste autrichien Arthur Schnabel, à titre de professeur. "C’est avec Karl-Ulrich Schnabel que s’est concrétisée cette idée d’inclure l’ensemble des sonates de Beethoven à mon répertoire, précise-t-il. Autant s’y prendre le plus tôt possible. Une fois le travail accompli, c’est pour la vie et ça vous accompagne tout au long de votre carrière. Rosalyn Tureck y a contribué pour beaucoup aussi. Avec elle, j’ai pu approfondir la sonate Hammerklavier sous plusieurs aspects."
Karl-Ulrich Schnabel et Rosalyn Tureck, deux pianistes porte-flambeaux d’une tradition pianistique, ne sont pas étrangers à cette distinction chez Christian Leotta d’une école d’interprétation italienne. "Je n’ai eu qu’un seul professeur italien (Mario Patuzzi), au Conservatoire de Milan, un disciple d’Arturo Benedetti Michelangeli, dit-il. Mais j’ai beaucoup plus d’affinités avec la pensée musicale "classique" – je devrais dire allemande. Elle est plus rigoureuse par rapport au texte. Comme j’ai étudié en philosophie, l’œuvre d’Emmanuel Kant, par exemple, m’accompagne dans ma profession d’interprète, tout comme la littérature propre à cette culture et contemporaine de Beethoven: Schiller, Goethe…" Une ouverture d’esprit essentielle au métier d’interprète? "Ce n’est pas essentiel, mais ça peut aider, répond Christian Leotta. La rigueur accordée au choix d’une édition particulière d’une partition, la connaissance sommaire de la culture liée à une époque et au compositeur peuvent contribuer à la recherche des véritables intentions incluses dans une composition, du climat qui l’entoure; mais surtout, au développement de sa propre pensée." De nature curieuse, Leotta suscitera la nôtre lors des récitals ayant cours jusqu’au 10 mars à la Chapelle historique Bon-Pasteur.
Les 1er, 6, 13, 17, 22 et 27 février ainsi que les 6 et 10 mars
À la Chapelle historique Bon-Pasteur
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