Kodiak : Moment Kodiak
Kodiak s’inspire de réalités sociales qui le touchent de près à l’heure où plusieurs jeunes rappeurs célèbrent l’univers matérialiste des voitures sport et des montres en or.
À mi-chemin entre le désir de faire la fête et celui de témoigner du destin tragique des âmes tourmentées qu’il croise, François Grégoire, alias Kodiak, peint de sa plume des portraits criants de lucidité. "Kodiak se veut à la base un projet festif, lance d’entrée de jeu le musicien. Mes textes illustrent aussi la détresse et le désespoir, puisque je voulais écrire un album fidèle à la vie d’un homme normal. Je travaille dans un foyer pour jeunes lié à la DPJ et je me retrouve parfois devant des cas émotionnellement difficiles. Ça transparaît dans mes textes."
"Je vous regarde, mais à vos yeux je suis invisible / Je vous parle, mais ce que je raconte vous paraît peu crédible / Seriez-vous sourd et aveugle, j’ai besoin d’aide / Je suis toujours lucide", chante Kodiak dans Un jour normal. "Les gens, bien souvent, s’arrêtent au côté superficiel et matériel des choses. Derrière la parure, il y a l’humain que l’on oublie de voir. Les problèmes communautaires passent souvent inaperçus face aux enjeux économiques de notre système démocratique. C’est pour ça que j’écris sur des sujets délicats tout en mettant de l’avant un côté très humain. J’aborde aussi les plaisirs de la vie, car je me lasserais de toujours dénoncer. On doit être conscient de certaines affaires, mais il ne faut pas arrêter de respirer pour autant."
Primé au Festival de la chanson de Granby en 2002, Kodiak traite de l’adversité sans toutefois tomber dans la lourdeur redondante. Accompagné de sept musiciens, il croise des influences jazz, reggae, hip-hop, soul et folk afin de maintenir le rythme, comme sur la contagieuse Tafia. Des références qui, selon le chanteur né d’une mère québécoise et d’un père haïtien, remontent à son enfance, alors que ses grands-parents possédaient un magasin de musique à Saint-Jean. "Ma mère et moi habitions juste en haut du commerce où les mélomanes pouvaient mettre la main autant sur des vinyles que sur une guitare, une batterie ou un violon. J’ai donc découvert très vite divers styles musicaux et je me suis familiarisé avec les instruments de musique. Mon oncle m’apprenait d’ailleurs à jouer des pièces de Cat Stevens à la guitare."
Quasi absent de son éducation musicale à cette époque, le père de Kodiak jouera néanmoins un rôle important au milieu des années 90. "En le visitant en Haïti, j’ai découvert la chanson créole. J’ai assisté à des concerts extérieurs survoltés qui m’ont renversé. D’ailleurs, nous avons envoyé récemment le simple de Tafia aux radios haïtiennes. Si la situation se calme un peu, j’aimerais bien m’y rendre pour donner quelques concerts."
Avant ce grand périple, Kodiak se lance à l’assaut du Québec avec les Français du 3e Oil dans le cadre de la tournée Hip Hop 4 Ever.
Le 29 janvier
Au Club Soda
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