The Vendettas : Cadavres exquis
Musique

The Vendettas : Cadavres exquis

The Vendettas mirent fin à leurs activités en 2002. Trois ans plus tard, un fan dévoué de Québec ressuscite la formation en lui offrant d’assumer financièrement la sortie d’un ultime album. La fin d’une époque?

Lorsque le leader des Vendettas, Paul Cargnello, annonça la sortie de son premier disque solo en 2002, ça ne prenait pas la tête à Papineau pour comprendre que son trio rock-punk-reggae allait en prendre pour son rhume. Pourtant, le bouche à oreille s’est vite propagé parmi les jeunes gauchistes informés de la province. À la demande de quelques punks de Québec, le groupe The Vendettas s’était d’ailleurs rendu dans la Vieille Capitale en avril 2001 pour se produire en marge du Sommet des Amériques. Malgré ces circonstances presque idéales pour un groupe engagé à la recherche d’une révolution sociale, la formation se trouvait alors dans une zone grise habituellement fréquentée par les artistes émergents.

"Le groupe The Vendettas était devenu un gouffre financier, explique au téléphone le poète activiste Paul Cargnello. Nous investissions beaucoup de sous dans le groupe bien qu’il ne nous rapportait presque aucun revenu. Nous étions assez populaires pour organiser des tournées, mais pas assez pour obtenir de vrais contrats. Pourtant, il y avait des étiquettes intéressées par notre matériel. Je me souviens même d’avoir parlé avec Warner et Universal, mais nous n’étions pas assez importants pour imposer notre vision. Nous devions changer nos propos, devenir moins radicaux, préparer un extrait radio… Ça ne nous intéressait pas. Nous étions restreints à un petit marché, la pression était forte et je ne te parle même pas de nos problèmes de batteurs (un différent à chaque concert, ou presque)."

C’est à ce moment que Paul lança de manière indépendante son album Lightweight Romeo, réédité ensuite par La Tribu. Les Vendettas donnèrent un dernier tour de piste lors d’un concert-hommage à Joe Strummer, puis plus rien. Le cercueil semblait cloué jusqu’au jour où Paul reçoit un téléphone d’un certain François Deschamps. "C’était le même activiste qui avait produit le concert extérieur des Vendettas au Sommet des Amériques. Il m’annonce qu’il vient de fonder une étiquette indépendante (Skeleton Records, en l’honneur de la pièce Skeleton Day du trio) et qu’il veut produire un album avec les chansons inédites des Vendettas. Il m’offrait un budget studio d’une semaine pour y arriver."

Le défi plut à Cargnello. À défaut de joindre le dernier batteur des Vendettas, Diego DiGregorio (qui accompagne maintenant le groupe en tournée), il demanda à celui des Stills, Dave Hamelin, de se joindre à l’enregistrement avec le bassiste Adam Kardos. Après tout, Dave avait jadis tenu les baguettes pour le trio. "Puisque la rencontre était spontanée et que nous n’avions qu’une semaine pour rallumer la flamme, l’énergie en studio était excellente. Meilleure que pour le premier disque. Sous la direction de Tim Doyle (Planet Smashers), nous avons terminé l’album en sept jours en plus d’inviter Mikey Dangerous, Kali et les Stills."

Intitulé Say No to the Vendettas, le compact est constitué de vieux classiques (Rebel Girl, Nous ne sommes pas seuls) et de nouvelles compositions (Big Buff Man). Le groupe donnera quelques concerts d’ici le mois de mai pour ensuite retourner à la retraite. "J’aime beaucoup notre musique, mais j’ai fondé les Vendettas à 15 ans. Je suis passé à autre chose, musicalement. Par contre, revivre mon adolescence pour quelques mois me fait extrêmement plaisir…"

Le 5 février
Au Va-et-Vient

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