Arturo Sandoval : Trompette d’or
Le trompettiste Arturo Sandoval apparaît non seulement comme l’un des représentants les plus brillants du jazz cubain contemporain, mais aussi comme l’un des plus grands virtuoses dans toute l’histoire de cet instrument.
Avec des compatriotes comme Tito Puente ou ses illustres camarades au sein du large ensemble Irakere (Chucho Valdes et Paquito D’Rivera), Arturo Sandoval compte parmi les musiciens cubains ayant le plus contribué à l’essor du jazz contemporain. Depuis qu’il vit en Floride, il n’a pas cessé de s’intéresser à toutes les formes de musique et est parvenu à donner à la trompette une place toujours plus grande. "Je crois que la musique est Une", dira-t-il. Le film, For Love Or Country, mettant en vedette Andy Garcia, et produit par la chaîne HBO, raconte sa vie.
Le grand public est souvent confondu par des étiquettes comme jazz latin, jazz afro-cubain, cubop. Doit-on voir une différence entre le jazz américain influencé par la musique latine (particulièrement la musique cubaine) et la musique latine influencée par le jazz? Certes, des musiciens bop comme Dizzie Gillespie ou Charlie Mingus se sont ouverts aux rythmes afro-cubains, puis, surtout depuis une quinzaine d’années, des musiciens d’Amérique latine intègrent des éléments des nouveaux styles de jazz tout en valorisant leurs propres racines. Voici le point de vue de Sandoval: "Il y a toujours eu un échange entre les États-Unis et les Caraïbes. Jelly "Roll" Morton voyait un lien très fort entre le jazz de la Nouvelle-Orléans et la musique cubaine: même sorte de clave (pattern rythmique). Un des pionniers fut Mario Bauza à qui l’on doit la rencontre entre Dizzie Gillespie et Chano Pozo. La musique cubaine est très orientée vers les percussions. Le rythme est contagieux. Le public embarque".
En 2003, Sandoval a réussi un véritable tour de force en rendant hommage à pas moins de 19 trompettistes ayant marqué l’évolution de la trompette au XXe siècle, particulièrement en jazz, de King Oliver à Wynton Marsalis sans oublier des personnalités singulières comme Bix Beiderbecke, Roy Eldridge, Clark Terry, Fats Navarro, pour n’en nommer que quelques-uns. Il aborde l’œuvre de chacun avec admiration, respect, humilité: "Il s’agit de 19 visions différentes. J’ai essayé de recréer, aussi respectueusement que possible, les idées, l’approche, la sonorité, en me disant: Je vous écoute. J’étudie en vous".
Peu de trompettistes peuvent relever un tel défi, peut-être Marsalis. Sandoval chante, avec un réel plaisir, dans les pièces liées aux œuvres de Bunny Berigan et de Chet Baker. Depuis le début de l’histoire du jazz, avec Bubber Miley ou Louis Armstrong, la trompette et la voix entretiennent un rapport particulier, très intime, les cuivres cherchant à imiter la voix humaine, ses inflexions: "La voix humaine est le plus bel instrument. Quand vous jouez, gardez toujours en tête la mélodie". Sandoval rend aussi hommage à de grands interprètes de la musique classique comme le mexicain Rafael Mendez et l’arménien de génie Timofei Dokshizer.
Sandoval a fait récemment paraître sur Crescent Moon/Columbia un disque intitulé My Passion For The Piano: "J’adore le piano. C’est l’instrument le plus complet. C’est aussi le meilleur professeur. Il vous apprend les harmonies, les changements d’accords. Vous apprenez à improviser". Dans quelques jours paraîtra un nouvel album, Live At The Blue Note. Sandoval y joue du jazz latin, plusieurs compositions, en septette. Pour le concert de Montréal, il puisera abondamment dans ce matériel.
Le 17 février
Dans le cadre du Festival Montréal en lumière
Au Métropolis
Voir calendrier Jazz / Actuelle